“Mal nommer les choux, c’est ajouter aux paleurs du monde”

“Mal nommer les choux, c’est ajouter aux paleurs du monde”, me dit souvent Alphonse Camus, mon voisin jardinier. “Prenez le radis : il ne naît pas fane, il le devient : le vieux fruit se meurt, le nouveau tarde à apparaître, et, dans ce clair obscur, surgissent les fanes et les vers de terre, ceux de sexe masculin surtout, qui grouillent. C’est la banalité du mâle, dont parle Anne Areinde, ou peut-être Georges Orouel, dans son Discours de la certitude volontaire.”

Plus sérieusement, si j’étais Antonio Gramsci, Hannah Arendt, Marcel Camus, George Orwell, Simone de Beauvoir, Etienne de La Boétie, ou l’une quelconque de ces personnes dont les citations, tirées de leur contexte et assénées comme des vérités définitives et intemporelles, sont constamment mises en avant, je serais un peu fâché ; et sans doute le “un peu” est-il de trop.

Ce doit être terriblement rageur de voir sa pensée, qui est souvent le résultat de longues réflexions, être réduite à une phrase, et être ensuite postillonnée comme un slogan par des personnes, qui, le plus souvent, n’ont pas lu tout ce qui l’entourait, et qui brandissent ces quelques mots comme une clef, ou plutôt comme un passe-partout ouvrant toutes les portes, oubliant que la vraie clef est dans la réflexion (ou l’intuition) ayant conduit à cette phrase, non dans la phrase elle-même.

Aldor Écrit par :

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