Nos nuits sont plus belles que nos jours

Amsterdam, 1er mars 2019

Quand vient l’hiver, les nuits de nos villes, illuminées par leurs lampadaires, leurs enseignes multicolores, leurs vitrines, leurs feux de circulation, leurs fenêtres, leurs décorations de Noël, deviennent sublimes. Dans le noir de la nuit, la ville brille et scintille, rayonne d’urbanité, se fait chaleureuse et rassurante, bien plus chaleureuse et rassurante que ne le sont les jours, gris, sombres, détrempés et essorés par la pluie et le vent.

Quand vient l’hiver, nos nuits sont plus belles que nos jours, pour reprendre et décaler un peu ce beau vers de Racine évoquant les nuits de janvier à Uzès.

Nos nuits électriques, nos nuits artificielles sont des splendeurs, comme sont des splendeurs tous ces mondes artificiels ou virtuels dans lesquels nous font voyager la littérature, la peinture, la bande dessinée et plus encore, désormais, le cinéma et la création vidéo.

Le parvis de la BNF, à Paris, 19 novembre 2023

Ils sont admirables, ces paradis artificiels et virtuels que nous avons construits et dans lesquels nous passons une part croissante de nos vie, vivons une part croissante de nos rêves, ces mondes de réalité augmentée qui se superposent au nôtre et nous envoûtent par leur éclat, leurs couleurs, leurs contrastes.

Que la montagne est belle ! Qu’elles sont sublimes, les forêts, quand vient l’automne, les champs de blé sous le soleil d’été, les prairies tapissées de fleurs au printemps, la mer, les étoiles, le désert, les arbres et les clairs de lune ! Mais nos grandes villes quand viennent les nuits d’hiver ! Ces diamants jetant mille feux, cette foule qui se cherche, toute cette énergie dépensée qui brille, bruisse et rayonne. Ô ville lumière de Blade runner !

Nous avons fait des clairs de lune pour nos palais et nos statues, disait Aragon. Quand le soleil est haut dans le ciel et que la nature exalte, répandant partout sa splendeur joyeuse, nous les dédaignons. Mais quand vient l’hiver et que les jours sont gris, quand vient l’hiver et que les jours sont pluie, ces clairs de lune artificiels, qui se reflètent sur le pavé mouillé, deviennent notre refuge.

Rue Victor Cousin, à Paris, 8 janvier 2022

Aldor Écrit par :

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