Last updated on 25 janvier 2025

L’autre soir, je vais à un pick-up de la Poste récupérer un paquet Chronopost. Le site Internet indique qu’il ferme à 19 heures mais arrivé sur place je vois que l’heure de fermeture est 18 heures. Il est 18h45 et évidemment je peste.
On a créé des sites Internet pour diffuser ce genre d’informations : les heures d’ouverture et de fermeture des magasins et des pickups, informations qui facilitent la vie. Mais quand elles ne sont pas à jour, elles la compliquent. Or la tenue à jour de ces informations qui paraît simple, ne l’est sans doute pas tant que cela puisque nous faisons tous l’expérience quotidienne de leur dysfonctionnement.
Ce que je veux dire, c’est que la multiplication des sites, applications, logiciels, outils créés pour faciliter la vie a pour contrepartie immédiate la multiplication des contraintes (mises à jour, mises en cohérence, gestion des identifiants et des mots de passe, réplication) imposées à celles et ceux qui les gèrent et à celles et ceux qui les utilisent, c’est-à-dire tout le monde. Il nous faut constamment, dans nos vies privées comme dans nos vies professionnelles, configurer, confirmer, actualiser, gérer d’une façon ou d’une autre nos doubles, nos fantômes, nos avatars numériques, veiller à ce qu’ils soient à jour et accessibles ; et il en résulte, sinon un véritable épuisement, du moins une sorte de charge mentale un peu semblable à celles dont on parle à propos des parents (surtout des mères) qui doivent, en sus de leurs propres responsabilités, penser aux courses et à la préparation des repas, aux enfants à aller chercher à l’école, à l’accompagnement du dernier au karaté, au lancement des machines et au séchage du linge à temps pour que les chemises soient prêtes quand il le faut.
Les boutiquiers d’antan devaient seulement veiller à respecter les horaires indiqués sur leur vitrine, horaires qui n’étaient connus que de ceux qui passaient par là. Aujourd’hui, le monde entier peut savoir à quelle heure ferme le bureau de poste de la rue Cujas : partout dans le monde, de la Californie à la Malaisie en passant par l’Afrique du Sud et la Suède, des serveurs refroidis par des systèmes sophistiqués répliquent et relaient cette information dont 99,999 % des habitants de la planète n’ont strictement rien à faire. Et la chaîne d’information est devenue tellement longue, complexe et imbriquée que, comme me le disait le responsable du bureau de poste que je suis allé voir le lendemain pour récupérer mon paquet, on a beau signaler l’erreur, elle demeure.
Et voilà notre pauvre postier qui, en sus de devoir, comme vous et moi, gérer quotidiennement ses trois millions de codes, identifiants et mots de passe, doit en plus répondre aux doléances de tous ceux qui viennent lui reprocher les informations erronées figurant sur un site géré en Basse Saxe ou à Pondichéry.
Et quand je lui ai dit ce qu’il doit entendre vingt fois par jour, il était épuisé.
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Le mieux est l’ennemi du bien !
Une belle journée à toi, Aldor.
Je ne parviens plus à commenter sur ton blog cher Aldor…
C’est bien dommage. Je tente encore aujourd’hui.
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Ah ben voilà aujourd’hui ça marche 😩
Je suis d’accord avec toi : pour se simplifier la vie (et c’est quand même vrai pour réserver un hôtel ou un restaurant, ou commander une pièce introuvable afin de donner une seconde vie à une machine qu’on aurait jetée) on paie souvent la complexification du système…Le monde n’est pas parfait…
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J’aime votre empathie… Et l’image est très jolie !
Le tout numérique… une plaie.
Voilà ! c’est extrêmement rageant !