Le centre de l’univers


 

Dans son livre Une nuit, que m’a offert Mylène, l’astrophysicien Trinh Xuan Thuan parle de la beauté de la nuit, cet extraordinaire moment qui nous permet, dans le silence et l’obscurité, de distinguer les confins du monde, étoiles et galaxies.

Il parle également de l’expérience menée, non loin d’ici, par Léon Foucault (j’avais oublié qu’il se prénommait Léon), consistant à faire osciller un immense pendule accroché à la voûte du Panthéon.

La physique veut que le plan d’oscillation des pendules soit invariable : le pendule oscille dans le même plan, toujours. Or l’expérience de Foucault montra que le pendule qui se balançait sous le dôme changeait peu à peu, mais significativement, d’axe d’oscillation. Et Foucault y vit une preuve de la rotation de la terre : si l’axe d’oscillation du pendule variait, ce n’est pas parce que les lois gouvernant le monde étaient prises en défaut mais parce que le point auquel le pendule était accroché tournait lui-même, emporté par la rotation de la terre.

Mais lorsque la variation du plan d’oscillation est mesurée de façon plus précise, avec des appareillages d’une très grande exactitude, on se rend compte que la rotation de la terre ne suffit pas à expliquer le mouvement de l’axe. Il faut chercher plus loin. On s’aperçoit alors que le mouvement du point d’ancrage du pendule par rapport au soleil ne suffit pas à rendre compte du phénomène, que le mouvement de ce même point par rapport au centre de la galaxie ou au centre de l’amas galactique contenant la Voie lactée ne justifie pas non plus ce qui est observé. Et la conclusion qui s’impose, à l’issue de ces examens, est qu’on ne peut vraiment comprendre le mouvement du pendule qu’en se référant au mouvement de son point d’ancrage par rapport au centre de gravité de l’univers tout entier, par rapport au centre du monde : c’est depuis ce centre du monde, situé à ses confins, à des milliards d’années-lumière du Panthéon et de ses grands hommes, que la gravité, cette force infime mais illimitée dans son action, guide le mouvement du pendule.

Ainsi le centre de l’univers interagit-il avec ce pendule, accroché sous la voûte du Panthéon, comme il interagit avec toutes choses.

Je trouve cela magique et magnifique.

 

Et Ténou, qui aimait tant le créateur en sa création, aurait, par un “Amen”, partagé cette émotion.

Aldor Écrit par :

4 Comments

  1. 27 décembre 2017
    Reply

    Je sais désormais quel est ce fameux pendule de Foucault!

  2. 27 décembre 2017
    Reply

    Oui c’est complètement magique et magnifique !
    Merci cher Aldor pour ce billet.
    ¸¸.•*¨*• ☆

  3. […] rappelant le pendule dont je parlais l’autre jour, je songeais que, pour un observateur qui ne serait capable de percevoir les choses que dans une […]

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