Menu
Improvisations
  • A propos
  • Aldor (le blog)
  • Lignes
  • Images
  • Promenades
  • Qui suis-je ?
    • Accueil
    • Newsletter
Improvisations

La mauvaise foi

Posted on 13 avril 201813 avril 2018
https://improvisations.fr/wp-content/uploads/20180413mauvaisefoi.mp3?_=1

Je parlais l’autre jour de la mauvaise foi du loup de la fable. C’est une mauvaise foi tournée vers les autres : c’est vis-à-vis des autres que le loup est de mauvaise foi, et lui-même ne croit probablement pas (encore que ?) les mensonges qu’il raconte.

Mais il y a une mauvaise foi plus grave, plus maligne, qui est celle à visée interne, celle consistant à se mentir à soi-même, comme cela m’est arrivé, hier matin.

J’ai, deux jours de suite, au bureau, par inattention, commis une erreur sans aucune gravité mais qui a pu laisser penser à une collègue que je considérais mal son travail – ce qui n’était pas le cas. M’en étant rendu compte, je me suis préparé à aller lui présenter mes excuses. Et c’est en imaginant ce que j’allais lui dire que la mauvaise foi a fait son apparition : il m’est en effet, comme naturellement, venu à l’esprit de déformer un peu les choses pour donner une explication qui me paraissait plus simple et, surtout (pensais-je intérieurement), plus protectrice à son égard. Et c’est quand je me suis forcé à réexaminer ce que je m’apprêtais à faire, c’est-à-dire mentir prétendument pour protéger une personne (qui n’avait pas à être protégée puisque elle n’avait commis aucune faute !) que je me suis rendu compte de la perversion de mon raisonnement : je faisais comme si je m’apprêtais à mentir pour elle alors que la vérité crue était que mon mensonge ne protégeait que moi en transformant mon défaut d’attention en simple erreur de manipulation informatique. Et le soleil noir de la mauvaise foi est alors apparu dans tout son éclat : non seulement je m’apprêtais à mentir de façon éhontée mais j’habillais au surplus ce mensonge à visée égoïste des vêtements élégants de l’altruisme ! Je mentais, je me mentais à moi-même, et par dessus le marché je me donnais bonne conscience à bon compte ! Quelle triste découverte !

Il y a souvent, dans ce monde compliqué, épais, visqueux, des occasions de ce qu’on appelle parfois pieux mensonge. Certains d’entre eux sont sûrement des pieux mensonges à visée purement altruiste ; mais le plus souvent, peut-être, il s’y mêle diverses choses : on peut tirer un petit profit des mensonges qu’on fait à autrui comme on peut tirer un petit profit des dons et des bontés qu’on a envers autrui. Qu’il y ait de l’un et de l’autre n’est pas très grave, en soi, car le monde est ainsi fait. Ce qui compte est non pas forcément la pureté de l’intention mais sa clarté, au moins pour nous-mêmes. Le critérium ultime est de savoir qui profite le plus, en définitive, de mon mensonge, de mon action, de mon silence – de mon attitude. Si c’est moi qui suis le plus géné par l’absence de mensonge, alors même que je prétends agir au bénéfice de l’autre, je suis sans doute de mauvaise foi. Et alors, il me faut changer d’attitude.

Il ne faut pas prétendre faire pour les autres ce qu’on fait d’abord pour soi, ne serait-ce que pour se protéger. Là est la mauvaise foi.

Partager :

Articles similaires

  • Le loup et l'agneau
  • 10 avril 2018
  • La conscience de la mauvaise foi
  • 6 octobre 2019
  • (ne pas) Faire feu de tout bois
  • 7 février 2019

10 thoughts on “La mauvaise foi”

  1. Domi Amouroux dit :
    13 avril 2018 à 8 08 34 04344

    Et finalement qu’avez-vous fait avec votre collègue ?

    Répondre
    1. Aldor dit :
      13 avril 2018 à 23 11 04 04044

      Oh, je lui ai dit la vérité. Car ma faute n’avait rien de terrible ou de dramatique. Et tout ce cinéma était fait pour un tout petit profit, une simple question d’amour propre. Peut-être est-ce la le plus extraordinaire !

      Répondre
  2. Esther Luette dit :
    13 avril 2018 à 9 09 26 04264

    “Le soleil noir de la mauvaise foi”… toutes les nuances de ce que tu écris si finement ici sont concentrées dans ces quelques mots. Magnifique image, qui éclaire un sujet “brûlant” de nos interactions à autrui …

    Répondre
    1. Aldor dit :
      14 avril 2018 à 8 08 26 04264

      Merci à Gérard de Nerval…

      Répondre
  3. anickanouck dit :
    13 avril 2018 à 12 12 38 04384

    Triste découverte, mais belle introspection et honnêteté envers soi xx

    Répondre
  4. Andrea Couturet dit :
    13 avril 2018 à 15 03 57 04574

    Ne s’agit-il pas aussi ce que l’on appelle manipulation ?

    Répondre
    1. Aldor dit :
      13 avril 2018 à 16 04 01 04014

      Bonjour Andrea, je ne crois pas. Ce sont les autres qu’on manipule. Mais là j’étais seul concerné. C’est vis-à-vis de moi-même que j’étais de mauvaise foi…

      Répondre
      1. Andrea Couturet dit :
        13 avril 2018 à 16 04 05 04054

        Ah oui, en effet… Tout se passe entre soi et soi dans ce que vous décrivez…

        Répondre
  5. Célestine dit :
    13 avril 2018 à 22 10 01 04014

    Tu es admirable, quand même.
    Tout le monde n’a pas cette grandeur d’âme de reconnaître sa mauvaise foi…
    ¸¸.•¨• ☆

    Répondre
    1. Aldor dit :
      13 avril 2018 à 23 11 09 04094

      J’ai surtout eu de la chance de la débusquer. Car il doit souvent m’arriver d’agir de la même façon et de ne pas me rendre compte de qui se passe…

      Répondre

Laisser un commentaire Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Méta

  • Connexion
  • Flux des publications
  • Flux des commentaires
  • Site de WordPress-FR

S'abonner au blog

Saisissez votre adresse e-mail pour vous abonner à ce blog et recevoir une notification de chaque nouvel article par email.

Rejoignez les 336 autres abonnés

Chercher

Traduire

S'abonner au Podcast

Apple PodcastsGoogle PodcastsAndroidby EmailRSSMore Subscribe Options

Lignes

Camille

Ce matin, Descendant ma poubelle, J’ai croisé dans ma cour Une fausse Camille, un peu vieillie. Elle avait cette perruque noire, Qu’elle porte dans Le Mépris Cette bouche boudeuse, Ces yeux désabusés. C’est la perruque que j’ai vue d’abord, Puis cette bouche, puis ces yeux, Ces yeux si tristes, si effrayants D’être de tout revenus, […]

L’écologie n’est pas une question économique

Penser la résolution de la crise écologique en termes économiques est peut-être un moyen de toujours échouer, la pensée économique étant justement une des principales causes de la crise écologique.

Cheminements de la mémoire

Dans une rue pavée d’Amsterdam, non loin de la vieille église, un restaurant au décor moderne où Katia et moi avons un jour déjeuné. C’est cette image, surgie de nulle part, qui s’est imposée à moi ce matin tandis que mes doigts recueillaient, dans son récipient noir, une noix du savon à la belle couleur […]

Envie

Peut-on, quand la nuit vient, ne pas vouloir – peut-onNe pas vouloir atteindre les étoiles ? Peut-on, sur le rivage assis, face à la mer,Ne pas rêver à l’horizon, là-bas,Où le soleil, tout à l’heure, a surgi ?

Singularité

Pour devenir quelque chose le dé Doit renoncer à être tout. Un deux trois quatre cinq six ont des chances égales Et pourtant ! Un seul nombre à la fin sortira. Les cases dans la grande roue de la grande loterie Sont, au début du jeu, d’une même égalité Et pourtant ! A la fin […]

Images

La marcheuse du Pont des arts

Feuille morte dans l’eau

Anges un peu déchus

Poubelles

Tuyauteries

Aldor (le blog)

Shangri-La ou l’éloge de la modération

La modération de Shangri-La n’est pas un scepticisme généralisé mais plutôt une façon de reconnaître l’imbrication des choses et l’impossibilité dans laquelle nous sommes le plus souvent – même si pas toujours ! – de distinguer non pas le mal du bien mais le tracé exact de la ligne les séparant.

Read the postShangri-La ou l’éloge de la modération

Le mépris, le déni et le monde qui se délite

Le mépris, d’Alberto Moravia, raconte la progressive découverte, par un homme, de ce qu’il sait déjà, de ce qu’il sait depuis le début. C’est le récit d’un déni qui s’achève, pareil à celui que nous ressentons face au monde qui s’abîme, le voyant se déliter sans cependant y croire vraiment, écartelés que nous sommes entre l’aveuglement, le refus de la culpabilité, une précoce nostalgie et une trop tardive espérance.

Read the postLe mépris, le déni et le monde qui se délite

L’aplatissement du monde

Celui qui n’a pour seul outil qu’un marteau ne peut qu’inlassablement taper ; et les sociétés qui n’ont comme moyen d’évaluation des êtres et des choses que l’argent ne peuvent que les exploiter, les piller si elles le peuvent.

Read the postL’aplatissement du monde

Jeanne, Charlotte et les autres

Ce sont quatre photos prises au même endroit. Dans les trois dernières, je reconnais Jeanne ; je ne la reconnais pas dans la première. Ou peut-être est-ce la petite fille dans l’ombre. Dans l’ombre, probablement, de sa grande sœur Charlotte.

Read the postJeanne, Charlotte et les autres

L’épaisseur du monde : la pensée écologique, de Timothy Morton

L’épaisseur du monde, c’est la conscience d’une interaction difficile : tout est imbriqué dans ce jeu de billard à mille bandes où volent des effets-papillons et où les choix ne sont simples que pour ceux qui ne voient que la surface des choses.

Read the postL’épaisseur du monde : la pensée écologique, de Timothy Morton
©2019 Improvisations | Powered by SuperbThemes & WordPress