La mise en avant de ce « pour le principe » est le plus souvent louche, voire carrément de mauvaise foi, car elle concerne toujours, quoi qu’on prétende, des incidents où nous sommes perdants, où l’irrespect des principes nous est dommageable.
Étiquette : mauvaise foi
Ne sont vraies et importantes que les choses vibrantes, vis-à-vis desquelles la cohérence n’est jamais totalement acquise.
Habiter vraiment son rôle (ou sa fonction) est le seul moyen de lui donner vie et humanité, de lui ouvrir les chemins de la morale et du remords, et de lui permettre d’échapper à la fonction de rouage anonyme appliquant mécaniquement les consignes reçues.
On ne peut pas toujours fuir, on ne peut pas toujours se fuir ; on ne peut pas toujours mettre sur le dos des autres la blessure qu’on porte en nous et qui demeure dans notre fuite.
Alors que ce « Mais ça n’est pas grave » prétend atténuer la faute que nous aurions commise, sa fonction réelle est de dédouaner notre interlocuteur de son propre mensonge, ou exagération, ou raisonnement fallacieux. Il est un marqueur de la gêne de notre interlocuteur qui, conscient de sa mauvaise foi, cherche dans la relativisation de la faute que nous aurions commise une façon de relativiser son propre mensonge et de diminuer sa mauvaise conscience
C’est une histoire de beurre et de fermière, un refus d’assumer les conséquences de ses actes, attitude qui est moralement très discutable et qui peut devenir franchement détestable quand elle conduit à mettre au service des puissants des moyens qui avaient été conçus pour protéger les faibles.
Aussi admirable soit-elle, Antigone est, je crois, insupportable. Mais elle est cependant absolument indispensable. Sans elle, le monde irait à vau-l’eau. Or on ne peut pas la suivre qu’à moitié : on est avec ou contre elle ; pas de juste milieu.
Il faut, quand on défend un juste combat, se retenir de céder à la tentation de la mauvaise foi, se retenir d’instrumentaliser les drames et les émotions pour servir des causes qui n’ont rien à voir avec ces drames.
Ce qui nous met mal à l’aise, dans l’affaire, c’est de constater notre lâcheté. Mais plus encore, je crois, de prendre conscience de notre mauvaise foi, de cette propension que nous avons à fabriquer de fausses justifications pour garder bonne conscience.