Je participais hier soir à la réunion d’un groupe : PEPS (pour Progrès environnemental et progrès social) qui réfléchit aux idées, aux solutions, aux propositions qui pourraient être mises en oeuvre pour à la fois défendre l’environnement, mettre fin à sa dégradation, et permettre le progrès social, en France et dans le monde.
La question est un moment venue du terme de transition.
Certains d’entre nous considéraient en effet que ce terme est négativement connoté, effrayant, parce que mettant l’accent sur le tunnel où nous étions plus que sur le point d’arrivée ; sur l’ombre qui nous entoure plus que sur la lueur qu’on aperçoit au bout. D’autres, dont je me sentais plus proche, considéraient au contraire – et considèrent – ce terme de transition comme le plus approprié : nous savons en effet d’où nous venons ; nous aurions quelque difficulté à expliquer où nous sommes ; et la seule chose d’à peu près certaine que nous sachions à propos du chemin devant nous est qu’il doit radicalement différer de celui que nous avons suivi jusqu’à présent. Nous ne savons pas très bien où il nous mènera ; une seule chose est sûre, ou à peu près : continuer tout droit nous mènerait à la catastrophe.
Il s’agit bien d’une transition, d’une transition par excellence, d’une révolution peut-être même : tant de choses sont à reprendre pour renouer le lien avec notre maison commune, pour vivre enfin vraiment le tutoiement du monde ! Tant de choses à faire ! Mais nous ne savons pas, de fait, où cela nous conduira.
Est-ce vraiment effrayant ? Non. C’est la vie et le temps qui sont ainsi faits : aussi sophistiqués soient les plans sur la comète, aussi élaborés les scénarios des stratèges, aussi sûres les prédictions des devins et des augures, le futur est toujours radicalement et intrinsèquement inconnu, toujours différent de ce qu’on avait prévu ; la vie est transition, le temps est transition. C’est pourquoi aussi la vie est aventure et c’est pourquoi aussi elle vaut d’être vécue.
Aussi bien savons nous au moins ici où il ne faut pas aller. C’est un début.
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Si la transition est effrayante, la non-transition l’est bien plus encore. Et dans la débâcle il vaut encore mieux agir de manière positive, même si l’espoir est faible. Merci, Aldor.
Oui Gilles, Ô combien !
pas de musique à la fin de l’enregistrement?
et je vais oser émettre un avis par rapport à cette ‘transition’: il me semble qu’elle est plus compliquée pour les citadins (de tous les pays du monde) et malheureusement c’est la population la plus nombreuse sur cette terre
pourquoi j’ai cette opinion? tout simplement parce que les gestes accomplis dans les campagnes et qui ont tant fait sourire (pour ne pas dire plus) sont également et depuis toujours des gestes écologiques
comme M. Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, à la campagne on a toujours fait de l’écologie sans le savoir……mais maintenant on le sait et on commence à en être parfaitement conscient
La transition et le monde rural… Tu le sais aussi bien que moi, Maly : c’est vrai pour l’essentiel mais il y a aussi l’agriculture et l’élevage industriels qui ne sont pas du tout écologiques et dont le rapport à la nature est peut-être encore plus vicié que celui des citadins qui ne sont que hors sol (j’en suis un).
La musique… : avec des chansons c’était beau mais ne pas respecter les droits d’auteur ne me semble pas bien… donc je verrai.
Bonne journée !
on oublie trop souvent (ou on ne se rend pas compte) que l’élevage industriel et l’agriculture intensive n’est pas, notamment en france, majoritaire…..mais elle ‘bouffe’ les petites exploitations exactement de la même manière que les grands groupes industriels avalent les petites entreprises, dans le sens que ces minorités qui se sont honteusement enrichies font la pluie et le beau temps en matière d’économie ….mais le vent est en train de tourner
bonne journée itou
J’avoue, Maly, que je pensais qu’elle l’était. En khâgne déjà (il y a quelques dizaines d’années) on m’apprenait que la taille moyenne des exploitations françaises était de 50 ha. On est quand même très loin de la petite agriculture familiale.
Cela étant, c’est vrai que les choses sont en train de changer. C’est ce qu’on dit. Tu dois le voir mieux que moi qui, de mes fenêtres, ne voit guère de caches, de champs ni de vert, abstraction faite de celui qui garnit les arbres du Luxembourg, qui sont ma nature proche.
Bonne journée !
Merci pour cette réflexion que je lis au passage. Je ne sais exactement pourquoi, mais c’est une respiration à l’heure où la terreur des lendemains m’étouffe. Merci de rappeler que ” le futur est toujours radicalement et intrinsèquement inconnu”. Merci, Aldor.
Bonjour Clémentine,
Je ne sais exactement ce qui t’étouffe et je ne suis en position de donner aucune leçon et conseil. Je peux seulement dire que se rendre compte de ce que nous sommes toujours en transition et que la vie est toujours ça est une belle découverte. Elle n’est pas récente, bien sûr. Il y a longtemps qu’on sait que “rien n’est jamais acquis”. Ce qui signifie aussi que rien n’est jamais perdu. Nous sommes toujours en tension.
Bonne journée !