L’action est forcément simple, voire univoque car dans l’action la simplicité est nécessaire à l’efficacité ; la pensée, quant à elle, tend naturellement à la nuance et à la complexité car c’est son mode d’être. La langue de bois consiste à forcer la pensée, complexe et nuancée, à se couler dans le moule simple de l’action.
Catégorie : Philo
Dans sa fixité et sa pérennité, le mot empêche de distinguer la fluidité des choses réelles : nous sommes engoncés dans une explication qui ne parvient plus à s’accrocher au réel parce qu’elle s’accroche aux mots. A vouloir absolument mettre des mots sur les phénomènes, nous ne pouvons plus les penser.
Le clerc qui ne trahit pas est celui qui accepte de trahir son camp si la vérité le demande. C’est le Georges Bernanos des Grands cimetières sous la lune ; c’est la Simone Weil qui, partie elle-même combattre dans les rangs des Brigades internationales, écrit à ce même Bernanos tout le dégoût que lui inspire le sang inutilement versé.
Il y a le monde de l’action et le monde de la pensée. Chacun a ses propres valeurs et ses propres règles : la vertu première de l’action, c’est d’être efficace ; la vertu première de la pensée, c’est d’être juste
L’injonction qui nous est faite de faire confiance à la science recèle une telle contradiction interne qu’elle nous rend malheureux et engendre chez nous une névrose.
Telle est la nature de la clarté du jour, et de cet autre delight qu’est le bonheur : il faut être prêt à la nuit pour que la lumière renaisse ; être prêt à tout abandonner et à ne rien retenir pour que le plaisir advienne ; être prêt à tout perdre pour que l’amour vive.
Quand je pense vraiment, je ne suis plus moi-même ; la pensée que je pense n’est plus la mienne ; elle est une manifestation de la pensée, une expression de la raison, une transe divine
Le monde n’est ni tout blanc, ni tout noir. Il est gris et équivoque, comme le ciel parisien de ce matin. C’est ce qui le rend si compliqué, irréductible aux théories manichéennes, passionnant et délicieux.
Dans la musique, l’interprétation singulière, ce que nous percevons, n’est pas la copie dégradée, l’ombre grossière d’une mélodie première qui serait un modèle pur et idéal ; elle est la musique elle-même.
En suivant l’ordre qu’il a reçu au lieu d’écouter son coeur comme il aurait dû, Abraham acquiert une mauvaise conscience qu’il traînera toute sa vie et que traîneront avec lui tous ceux qui lisent ce passage. Fini le repos tranquille du prophète ; voici venu le temps du remords, du doute et de l’éveil.