Les résolutions sont ces sortes de décisions, d’engagements, qu’on prend, souvent en début d’année, mais pas forcément ; souvent publiquement – mais pas nécessairement : je ne ferai plus ceci ; je ne lirai plus cela ; je ferai ceci ; je ferai cela. Et le plus souvent, on ne les tient pas, ou peu, ou temporairement. Et c’est bien normal, puisqu’elles ne peuvent être tenues.
L’étrangeté n’est donc pas que les résolutions (sauf fierté mal placée, ce qui est une sorte d’endurcissement dans l’erreur) – l’étrangeté n’est pas que les résolutions ne soient pas tenues ; c’est que les personnes qui les prennent (et qui pourraient, avec le temps, acquérir une certaine expérience) continuent à les prendre, accroissant ainsi, de résolution abandonnée en résolution abandonnée, la règle qui les contraint et la culpabilité qui les étreint de les abandonner.
Car ça n’est que de cela qu’il s’agit.
Si l’on fait abstraction de quelques préceptes fondamentaux de morale (et encore !) : ne pas faire de mal à autrui, ne pas tuer, etc., on ne peut évidemment pas introduire, dans le flux bouillonnant de la vie, de règle rigide qui ferait digue contre les débordements de l’existence. Face à la mouvance illimitée des choses, face à l’imprévisibilité radicale du futur et du présent, nul mur ne peut être érigé, nulle résolution ne peut tenir. S’en donner, c’est comme se construire un exo-squelette dont on espère qu’ils nous protégera des aléa de la vie et surtout de celui qui, pour tous certainement, est un des plus terribles : la peur panique, l’angoisse de la liberté.
La résolution nous épargne le fardeau de devoir, à chaque instant, choisir parmi la multitude des possibles : on écrit ou l’on se dit : “j’ai décidé”, et on pense ainsi se simplifier la vie, comme avec ces habitudes que l’on se donne et qui, structurant nos journées, nous évitent d’y songer. Le malheur est que les résolutions ne pouvant jamais être tenues (sauf, encore une fois, au gré d’une fierté mal placée), elles génèrent au bout du compte une angoisse plus grande encore que celle à laquelle elles entendaient mettre fin : angoisse de l’engagement non tenu ou culpabilité née de la prise de conscience de sa mauvaise foi : “C’est vrai, j’ai manqué à la promesse que je m’étais faite ; mais ça ne comptait pas vraiment”, se susurre-t-on alors sans y croire et s’en voulant de se mentir ainsi.
Prendre des résolutions – hormis quelques cas bien particuliers – c’est le plus souvent fuir la réalité de la vie, se construire une bulle qui nous isole des brises et des courants, de la surprise et de l’aventure, de l’éveil et de l’attention.
C’est pourquoi, en cette année nouvelle, mimant la non-demande en mariage de Georges Brassens, je vous souhaite, comme à moi-même, de ne prendre aucune résolution et de laisser la vie vous emporter.
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J’espère bien que ma fierté mal placée me conduira à tenir ma résolution de me mettre au yoga cette année. 😉
C’est sûrement pour ces bonnes raisons que je ne prends plus de “bonnes résolutions” en début d’année. 🙂
Les résolutions c’est comme les projets d’équipements. S’il ne sont pas réalisés dans les délais on les annule ou on leur accorde une enveloppe financière.A tous les coups on est perdant. Tu as raison Aldor vaut mieux ne pas en faire. Bonne soirée mon ami.
une enveloppe financière supplémentaire
N’est ce pas déjà prendre une résolution que de ne prendre aucune résolution ?
Bien à vous
Bonjour,
S’engager à ne prendre aucune résolution serait effectivement retomber dans le travers dénoncé.
Le problème c’est peut-être d’attendre une date particulière (le 1er janvier) pour faire quelque chose … Je crois que si on tient vraiment à faire quelque chose, on s’y met au plus vite et si on n’y tient pas on repousse effectivement à l’année prochaine …
J’ignore complètement ce que signifie “prendre des résolutions” !…
J’aime inscrire des résolutions, non pas pour m’y contraindre, mais juste pour les réaliser si le coeur y serait.
Bien à vous Aldor