Demander des comptes, c’est aussi se défausser


Depuis plusieurs jours se multiplient sur les réseaux sociaux des appels à ce que, au lendemain de la crise sanitaire, des comptes soient rendus par le gouvernement, le président de la République, les députés, les autorités sanitaires, que sais-je encore. Et pourquoi pas ? Des erreurs ont probablement été commises ; mieux comprendre l’enchaînement de choses sera certainement utile.

Mais comment ne pas voir, dans cette floraison d’appels à la reddition des comptes par les autorités une manière de se défausser sur les autres ? Comment ne pas comprendre qu’un des moteurs de cette accusation n’est pas le noble souci de la vérité mais, beaucoup plus prosaïquement, le déni de sa propre responsabilité ?

Combien, parmi ceux qui regrettent aujourd’hui le manque de moyens des hôpitaux, ont pesté contre la pression fiscale, sinon mis tout en oeuvre pour payer moins d’impôts ? Et combien, parmi ceux qui regrettent le manque actuel de masques et de tests, ont considéré, lors de la dernière crise sanitaire, que l’achat massif de vaccins était un cadeau honteux fait aux grandes firmes pharmaceutiques ? Combien, parmi ceux qui redécouvrent l’importance du service public, ont pris la défense des éboueurs en grève et combien, parmi ceux qui revendiquent la solidarité, ont rapporté les  masques qu’ils détenaient à leur pharmacie ? Combien, parmi les défenseurs soudains d’un pacte et d’une protection sociale élevée, qui ubérisent, qui deliveroosent, qui airnbisent, sapant jour après jour les bases de l’Etat providence ? Comment ne pas voir que ce qui est reproché aux autorités n’est en très grande partie que le reflet de nos propres comportements, de nos propres aspirations, de notre propre schizophrénie ?

Il ne s’agit pas ici d’appeler à une sorte de repentance vichyste ou à la reconstruction d’un Sacré-Coeur pour demander pardon de nos pêchés. il s’agit de cesser cette recherche facile et stérile du bouc émissaire, de cesser d’agir comme Les animaux malades de la peste de Jean de La Fontaine qui ne trouvent rien de mieux, pour oublier leurs propres errements, que de tomber sur le baudet. Cette crise est notre crise comme la crise écologique est notre crise, née non pas de l’action maléfique et extérieure de puissants lobbies mais d’abord et avant tout de nos achats d’Iphone, de voitures, d’eau en bouteille, de nos vacances lointaines et aériennes et de nos visionnages de petits chats sur Internet.

Arriverons-nous à changer ? Je ne le sais pas. Mais nous n’y arriverons certainement pas tant que la dénonciation de la paille dans l’oeil du voisin nous fera oublier la poutre qui encombre le nôtre.

Et l’utile, aujourd’hui,  n’est pas d’accuser ; c’est de rester chez soi.


Je terminais d’enregistrer quand l’aimée m’a signalé cette petite video, qui traduit assez bien aussi ce que je pense :

 

Aldor Écrit par :

4 Comments

  1. 21 mars 2020
    Reply

    Absolument d’accord !

  2. Entièrement d’accord. C’est qui ce gars là que je le suive, ce qu’il dit est tellement vivifiant aussi 🙂

  3. 21 mars 2020
    Reply

    La vidéo est explicite. On trouve ces types de connards dans tous les pays du monde. Nous récoltons ce que nous avons semé.
    Merci Aldor.pour ton texte on ne peut plus explicite.
    Charef

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