Nous accordons plus d’importance, d’intérêt et de valeur aux superstructures qu’aux éléments de base ; au superflu qu’à ce qui est nécessaire. De là une des difficultés à affronter la crise écologique : nous avons en effet beaucoup plus de mal à nous mobiliser et à ne serait-ce que dépenser de l’argent pour l’air, l’eau ou les autres ressources indispensables que pour un concert, un téléphone ou un beau vêtement.
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Les mots répétés, ces déclarations solennelles qui ne conduisent à rien, ces grands discours qui demeurent lettre morte, ces paroles d’engagement qui deviennent litanies, se muent peu à peu en étouffoir : l’agonie de la planète disparaît sous la montagne de mots dont on la recouvre et dont on finit par se payer, en monnaie de ces singes qui continuent à disparaître dans l’inaction de nos propos.
Il faut, pour embrasser le malheur, avoir d’abord embrassé l’amour. Pour pleurer la destruction du monde, avoir d’abord compris qu’on l’aimait.
Nous sentons et savons les liens indissociables, de nécessité mais aussi d’amour, qui nous rattachent au reste du vivant, à la multitude des êtres de la Maison commune mais avons du mal à les reconnaître et à agir en conséquence. Nous aimons, dépendons et détruisons ce dont nous dépendons et que nous aimons. C’est un comportement intrinsèquement inauthentique, qui crée une dissonance cognitive et nous plonge dans un immense désarroi, si ce n’est même dans la tristesse. C’est cela aussi que racontent les mythes du Péché originel et du dresseur de chevaux.
La ronde des jours, des saisons et des ans nous donne une délicieuse illusion d’éternité, de continuel recommencement, de renaissance incessante de la beauté du monde
A peine avions nous déclaré que – promis, juré ! – nous tirerions désormais les leçons du passé, que nous nous nous empressons de retomber dans nos travers, emportés par le tourbillon d’un monde qui n’attend pas.