Perversion et culbuto

Je regardais l’autre jour dans la rue, et prenais plaisir à regarder, une jeune femme au visage étrange. Elle n’était pas belle du tout, selon les canons classique de la beauté, mais ses yeux pourtant attiraient et retenaient, et son visage, quoique manquant de grâce, captivait.

Nous avons collectivement un grand talent pour déceler ce qui charme et attire dans ce qui n’est ni charmant ni attirant, pour apercevoir la lumière dans le noir de la nuit, pour voir la beauté dans la laideur.

C’est ce talent qui nous permet de tenir le coup quand le malheur nous frappe, de garder espoir quand le désespoir envahit tout, qui nous donne cette incroyable capacité de rebond : la vie nous maltraite et nous abat mais chaque fois, comme de braves culbutos, nous nous redressons, prêts à repartir.

Aurions-nous cette force si nous n’avions cette propension à voir la beauté dans les choses laides, à trouver aimable ce qui ne l’est pas forcément, à aimer, parfois, le malheur ? Aurions nous cette force si nous n’avions en nous cette propension qui, poussée à son extrémité, devient masochisme et perversion : aimer les choses parce qu’elles font mal, ou parce qu’elles sont laides ou mauvaises ?

Je me demande s’il n’y a pas, dans notre force, dans notre capacité à dépasser le désespoir, un peu de cette propension à aimer les choses contre nature, qui est notre propension à nous raconter des histoires, à substituer au monde extérieur un monde imaginaire.

 

Aldor Écrit par :

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