Communion


Au-delà de tous les deuils et de toutes les tristesses, de toutes les souffrances et de tous les courages, au-delà de toutes ces populations invisibilisées et dont on redécouvre soudain l’existence, ce que la crise sanitaire révèle, c’est l’extraordinaire besoin de communion qui traverse une partie au moins de la société française.

Alors que, la fatigue et la lassitude aidant, la mobilisation paraît s’effilocher, comment ne pas voir émerger cette nostalgie des premières semaines du printemps 2020 qui paraît s’être emparée d’une grande partie d’entre nous ? Nostalgie non pas de la stupéfaction et des tremblements mais de la communion que nous ressentions face à ce mal soudain et invisible contre lequel nous formions bloc ? Temps terrible de la Faucheuse mais où, dans les acclamations naïves des fins de journée, dans l’émotion sincère et partagée, semblait se forger ou renaître une nation réconciliée.

Nous étions émerveillés de ce bonheur oublié d’être sur le même bateau, ravis de la douceur que nous éprouvions à être “Ensemble, tous ensemble !”, comme dit Margaux.

Qu’elle est rare, cette impression de communion : s’il arrive qu’elle naisse d’événements heureux : fête, Coupe du monde, Jeux olympiques, elle est fille le plus souvent des événements tragiques : attentats terroristes, deuils nationaux, conflits. Longtemps, je me suis demandé pourquoi les Poilus voulaient tellement se souvenir de l’horreur des tranchées et de la boue ; je pense que c’est du bonheur de la communion qu’ils avaient surtout la nostalgie.

Mais pourquoi ce besoin ou ce désir de se sentir bien avec les autres, ces autres avec lesquels on est, avec lesquels on vit ?

Peut-être tout simplement pour compenser la souffrance, les frustrations, la colère peut-être, que génère en nous l’omniprésence des autres, cette vie en société qui est notre mode d’être.


L’image en tête d’article montre le monument aux morts de Rouvroy-sur-Marne, non loin de Joinville-en-Champagne.

 

Aldor Écrit par :

2 Comments

  1. celestine
    15 avril 2021
    Reply

    C’est vrai, c’est beau, la communion…Mais je suis moins optimiste que toi, sur ce coup-là.
    On assiste surtout à des juxtapositions d’egos et de solitudes, depuis quelque temps.
    C’est un peu inquiétant.
    •.¸¸.•`•.¸¸☆

    • 17 avril 2021
      Reply

      Bonjour Célestine,

      A vrai dire, je ne me trouvais pas si optimiste que cela.

      La communion, c’est bien. Mais en avoir désespérément besoin ou envie révèle plutôt que quelque chose ne tourne pas tout à fait rond.

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