Défauts


Ce n’est pas pour leurs défauts qu’on aime les gens qu’on aime ; mais peut-être est-ce cependant grâce à eux, ou à cause d’eux. Car si ce ne sont pas leurs défauts qu’on aime, ce sont peut-être eux qui les rendent aimables.

Il ne s’agit pas, disant cela, de tenir cette posture un peu alambiquée qui consiste, en passant à l’autre ses défauts, à espérer qu’en retour elle me passera les miens. Il ne s’agit pas non plus de cette sorte d’idolâtrie qui adore tout ce que fait l’autre. Il s’agit plutôt d’une recherche de l’authenticité, et plus précisément d’une recherche des défauts qui sont le plus souvent (mais pas toujours !) la contrepartie des qualités, la trame de l’humanité.

A-t-on remarqué l’ambivalence de l’objectif humain qui désigne aussi bien l’imperfection de l’homme, son ridicule et ses faiblesses, que sa bienveillance et sa grandeur d’âme ? Dans l’ambivalence du mot se retrouve l’étendue de la créature aux pieds ancrés dans le sol et aux yeux tournés vers les étoiles. Humain est celui qui faute et qui, simultanément – et peut-être parce qu’il faute – peut rayonner de bonté et d’amour.

A la différence de l’ange qui, dans sa perfection désincarnée, son équanimité bouddhiste, est lisse comme un galet, l’homme est plein de replis et de ressorts, d’épaisseur. Et c’est dans cet espace frontière, cette zone interlope que se niche et se déploie son humanité, pour le pire et pour le meilleur.

C’est pour cela que les défauts nous sont chers. Non que nous les aimions en soi mais parce que leur absence signe quelque chose de faux et d’inauthentique, un refus louche de l’incarnation.

Et nous redoutons que ce désir d’agir comme un ange ne cache toujours quelque chose de terrible et de bestial.

Aldor Écrit par :

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