Il faut d’abord apprendre le texte. Parce que tant qu’il n’est pas su, on doit tenir le livre qui nous gène, nous encombre et nous retient comme le ferait la longe d’un piquet : on ne peut le quitter des yeux ; on ne peut faire de gestes ; on ne peut se déplacer librement : le livre est le centre de notre attention.
On comprend par ailleurs très vite que le texte qu’il faut connaître n’est pas le nôtre mais le texte entier parce que c’est aux paroles des autres que nous répondons, que nous réagissons et il est plus important encore de savoir quand il faut faire et dire que quoi il faut faire et dire.
Puis, quand le texte est su, il faut l’assimiler et l’intégrer. Car tant que sa récitation demande un effort, tant qu’elle mobilise notre attention, elle nous préoccupe et nous obsède, nous interdisant de faire vraiment autre chose, d’être attentif à ce qui se passe autour de nous : nous sommes concentrés sur notre texte, veillant essentiellement à ne pas l’oublier.
Il faut longtemps pour que, par une sorte de magie inexplicable, le texte soit su au point qu’il ne soit plus nécessaire de s’en souvenir pour qu’il nous vienne aux lèvres, et coule comme naturellement. Et c’est alors seulement que le jeu peut commencer, qu’on peut librement bouger, spontanément réagir : une fois que tout a été appris, et su, et assimilé. C’est là que le vrai jeu commence et qu’on peut s’exprimer.
Il en va certainement de tous les apprentissages comme de celui du jeu théâtral : il faut un long, long et pénible processus pour que, au bout du compte, la spontanéité, la joyeuse et gracieuse spontanéité puisse apparaître.
L’image a été prise au théâtre de Nesles, lors d’une répétition d’un cours de la compagnie Candela, avec Marc Alberto comme professeur.
C’est très vrai. Comme la conduite d’une voiture. Un peu comme tous les apprentissages, d’ailleurs…Avant que cela devienne un automatisme, on a le temps de vois la sueur perler à son front…
Tu fais du théâtre, toi, Aldor ?
Bises célestes
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Bonjour Célestine,
Je ne suis jamais allé assez loin dans l’apprentissage de la conduite automobile pour confirmer tes dires, mais certainement.
Et : oui, je fais du théâtre. Et j’adore !
Bises parisiennes.