Le pape le relevait il y a quelques jours : c’est dans le silence de Joseph, dans le silence des hommes (et la parole des femmes), que l’évangile advient.
Alors que les Évangiles sont remplis d’histoires d’hommes racontées par des hommes, c’est dans leur silence initial que tout commence : silence de Joseph, Joseph le taiseux, qui finalement reste coi à l’annonce de Marie ; silence forcé de Zacharie dont Gabriel ferme la bouche car il ne croyait pas à la maternité d’Elisabeth.
Les hommes se taisent, accablés, et les femmes parlent, joyeuses, entre elles et avec les anges. C’est dans cette inversion des rôles traditionnels que le miracle advient. Dans le silence des hommes, si prompts à parler pour ne rien dire, une place se libère pour une autre parole. Comme, dans le repli sur soi de Dieu, une place pour la création, dans le Tsimtsoum.

Il y a, dans la cathédrale d’Autun un chapiteau représentant l’adoration des mages. Les trois rois apportent respectueusement des cadeaux à Marie et Jésus et on distingue Joseph, un peu plus loin, assis ennuyé dans l’ombre d’une autre face du chapiteau.

J’aime bien ce Joseph qui ne comprend rien, qui observe et se tait.
[…] sait comme toutes les mères que cet enfant la quittera un jour, et en ressent de la mélancolie ; Joseph, qui se tait comme à son habitude, mais qui, aussi confiant soit-il, est certainement troublé par […]