Last updated on 11 septembre 2022
Je me suis fait vertement rabrouer par Célestine pour avoir dit, il y a quelques jours, ici même, qu’il y avait des différences, autres que purement physiques, entre hommes et femmes et que, statistiquement parlant, il y avait des comportements, des attitudes, des façons d’être qui étaient plutôt féminines, et d’autres plutôt masculines.
Célestine m’a reproché de participer à la diffusion de ces représentations sexistes qui figent les femmes dans des attributs : douceur et retenue en l’occurrence, qu’il est bien pratique de leur prêter lorsqu’il s’agit, au bout du compte, de les soumettre. Et c’est vrai que j’aurais pu parler d’autre chose : du courage, de l’abnégation, de la dignité, de l’attention, de toutes ces forces que les femmes, bien souvent, incarnent, même s’il arrive que des hommes en soient également dotés.
Mais la critique qui m’est faite va plus loin et je dois reconnaître (après réflexion : ceux qui écoutent l’enregistrement sur mon blog verront que ma position a évolué) qu’elle est fondée. Car il y a effectivement, dans mon discours, une contradiction : d’un côté, je prête aux femmes des qualités qu’elles incarneraient plus que les hommes ; de l’autre, je constate qu’aucune de ces qualités prétendument féminines ne l’est spécifiquement puisqu’on la retrouve chez des hommes. Pourquoi, alors, en admettant même que ces qualités soient inégalement distribuées entre les sexes, les qualifier de féminines ?
C’est une vraie pierre dans mon jardin, et j’ai le sentiment de me retrouver participant de facon insidieuse à ce processus d’assignation des femmes que la lecture de Camille Froidevaux-Metterie m’avait fait découvrir il y a quelques semaines.
Cette assignation-là consiste non pas à observer que les femmes ont, plus souvent que les hommes, certaines attitudes ou qualités (c’est là un simple constat) mais dans le fait de qualifier ces attitudes et qualités de féminines, ce qui est réducteur, faux et vicie le rapport que les femmes et les hommes entretiennent avec ces qualités et attitudes.
Les qualités, comme les défauts, n’ont en effet ni sexe ni genre. Leur en attribuer un, même avec les meilleures intentions du monde, c’est à la fois contraindre un sexe au respect d’une qualité donnée et inciter l’autre à ne s’en pas soucier. Et cela d’autant plus que que notre culture, notre humanité dans ce qu’elle a de plus prodigieux et de plus sublime est, depuis les premiers mythes, fondée sur l’accentuation, l’exaltation de la différence homme/femme.
Vivent donc la grâce, la douceur, le courage, l’abnégation et la pudeur ; sus à la sexuation des qualités ; et merci à Célestine.
L’œuvre présentée, qui se prête si bien à mon propos par tous les stéréotypes qu’elle véhicule, est la très belle “Soirée athénienne“, de Jacques Rizo, qu’on peut voir actuellement au Louvre dans le cadre de l’exposition Paris-Athènes
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J’ai trouvé ta prise de position brillante et digne, très digne de l’intérêt que je te porte.
Pouvoir se remettre en question, avouer que l’on s’est fourvoyé, et reconnaître le bien fondé d’un avis différent du sien, voilà le fait de quelqu’un de remarquablement intelligent. de cette intelligence des situations qui devient si rare et si mal partagée actuellement.
Merci donc à toi pour ce billet « rectificatif » poussant la réflexion.
Il aurait mérité davantage de commentaires.
Et moi qui ai tant tardé pour venir poster le mien, ce que je t’avais promis.
Je t’embrasse, cher Aldor
•.¸¸.•`•.¸¸☆
Bonsoir Aldor, à propos du qualificatif très valorisant très aimé du sexe masculin pour dire d’une femme qu’elle est douce, délicate, n’’est-ce pas une manière d’enfermer le féminisme dans une « « prison » où la femme renoncerait à sa part naturelle sauvage et que les hommes souhaiteraient bien « brider » car moins problématique ?.??
Bonjour Tulipa, tel était bien le sujet de mon article. Cela étant, je pense que nous (hommes comme femmes) projetons sur les femmes des représentations très diverses, contradictoires et fantasmatiques, dont la sauvagerie n’est pas forcément exclue même si la douceur, souvent, prédomine.