Jamais jusqu’à ce matin je n’avais mesuré l’ironie cruelle du refrain de la si belle chanson de Serge Reggiani : “ Il suffirait de presque rien, peut-être dix années de moins”.
Pas de raison particulière à cela, pas d’événement qui m’aurait brutalement rappelé que la vie a une fin, d’autant plus proche qu’on vieillit, et que vient un âge où dix années sont très loin d’être rien. Pas de raison particulière, sauf peut-être le spectacle des jeunes pousses sur les arbres.
Combien de fois l’ai-je vue, cette merveille, chaque année miraculeusement répétée : une feuille sortant du bourgeon et offrant la tendresse de son vert au ciel (et à l’appétit des oiseaux). Combien de fois l’ai-je dédaignée dans la belle, heureuse et légitime insouciance de la jeunesse. Il a fallu longtemps pour que je l’apprécie !
Et tant mieux ! Que serait le bonheur de vivre, que serait la vie si l’on devait, à chaque instant, se préoccuper du temps qui reste et ouvrir grands les yeux et la bouche pour ne rien en gâcher ?
Il faut, pour jouir de la vie, en user avec légèreté ; peut-être même avec dédain.
NB : Les paroles de la chanson ne sont d’ailleurs pas de Reggiani mais de Jean-Max Rivière.
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