More of the good

Lisa Ekdahl à l’Olympia le 21 septembre 2022

More of the good“, chantait hier, à l’Olympia, Lisa Ekdahl, dans la joyeuse débauche de sons, de lumières, de couleurs et d’électronique qui accompagne les concerts modernes.

More of the good“, disait-elle, et je songeais, l’écoutant, au discours qu’Aurélien Barrau avait prononcé, il y a quelques mois, devant mes camarades Shifters, discours que j’avais écouté, en différé, le matin même.

Aurélien Barrau disait notamment trois choses :

  • Que le plus grave n’est pas le changement climatique mais l’exploitation, la dégradation, la poubellisation du monde qui deviendra vite invivable, même sans changement climatique, comme il l’est déjà devenu, hélas, pour la majorité des autres espèces animales ;
  • Que la sobriété ne doit pas être perçue comme une perte subie de confort ou de richesse mais comme l’abandon volontaire de pratiques lourdes et entravantes sur lesquelles il faut jeter un regard neuf et lavé de la soif de consommation dans laquelle nous nous complaisons ;
  • Que ce n’est pas seulement à l’aune de leurs émissions de carbone que doivent être évalués nos actes mais aussi à leur finalité, à leur beauté, voire à leur poésie.

A cet égard, on confond souvent, moi le premier, les notions de sobriété et de nécessité, considérant que la sobriété, cela consisterait à se passer du superflu pour ne garder que l’utile. Or c’est là, me disais-je hier soir, un dérapage de raisonnement, un préjugé dicté par l’économisme, dont il faut se débarrasser.

La sobriété, cela ne consiste pas, en fait, à se passer du bon et de l’agréable pour ne conserver que le nécessaire. L’électricité utilisée pour faire jaillir et animer les lumières chatoyantes du concert d’hier n’avait rien d’indispensable. Elle est pourtant, dans mon esprit, beaucoup plus compatible avec la sobriété que le carburant utilisé pour faire venir, en plein hiver, des fraises depuis la Patagonie, ou les tonnes de métal employées à la fabrication de SUV qui ne grimperont jamais que les collines de Chaillot ou de l’Étoile.

Contrairement à ce que nous susurre un utilitarisme de mauvais aloi, la sobriété ne doit pas être recherchée d’abord dans le superflu et l’exceptionnel mais dans le laid et le quotidien : non dans le voyage au bout du monde qu’on fait trois fois dans sa vie ou dans l’orgie du Festin de Babette, mais dans la voiture prise tous les jours, le plastique de nos emballages, la matière et l’énergie dépensées à installer, sur terre et dans l’espace, des relais à 5G.

La sobriété, ça n’est pas la fin du beau et de la joie mais la chasse à ce qui enlaidit et rend pesant le monde. Ce n’est pas, ce ne doit pas être la fin du plaisir, encore moins celle du désir, mais la prise de distance avec cette aliénation par Les choses qu’est l’avidité, que je connais si bien.


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Un commentaire

  1. 16 décembre 2022
    Reply

    […] voit se dessiner, avec notamment Aurélien Barrau ou Corinne Morel Darleux, avec le Paul Magnette qui tenta de parler d’épicurisme, de culture […]

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