Last updated on 29 septembre 2022
Face à nos échecs, à nos inaboutissements, à tout ce qui ne tourne pas comme on l’aurait voulu, on se demande parfois s’il faut persévérer ou renoncer ; si la persévérance n’est pas aveuglement et le renoncement sagesse ; ou, au contraire, le renoncement lâcheté et la persévérance courage. Et rien de sûr, de solide, d’absolu, ne vient nous guider dans cette tribulation de l’âme.
Malgré le “Perseverare diabolicum”, nous avons une préférence collective, probablement atavique, pour la persévérance. Non seulement parce que, dans le travail scolaire, la persévérance paie souvent, mais pour des raisons plus mystiques, héritées des ordalies et de la prédestination protestante : croire dur comme fer à quelque chose sans preuve pour l’étayer est en soi une quasi-preuve. Et puis il y a l’histoire de la Belle et la Bête, celle de la foi qui déplace les montagnes, et le docteur Coué cher à Katia : qui croit vraiment, qui a vraiment la foi, changera vraiment le monde. La foi est performative, comme ne disait pas tout à fait le prêtre hier aux obsèques de Simone.
On peut évidemment se tromper ; il faut évidemment pouvoir se tromper : si la chose était sûre, ce ne serait plus foi mais connaissance, et la magie du saut dans le vide disparaîtrait. C’est de l’incertitude que le geste tire sa beauté et donc sa force.
Mais dans le vrai acte de foi, cependant, cette incertitude même disparaît, ou devient secondaire. Non pas parce que qui croit croit (on peut croire et douter) mais parce qu’à qui croit, il n’est nulle autre conduite possible : peu importe que j’aie raison ou tort, je ne puis faire autrement ou autre chose que ce que je fais; je suis poussé par une force irrépressible.
Et c’est là, qu’à nouveau, la chose se retourne, de cette vibration continuelle qui est l’indice palpable des choses vraies : au bout de l’acte de pure liberté qu’est la persévérance de qui avance dans la nuit, la soumission à la nécessité de qui ne peut faire autrement.
L’image est sans rapport (encore que). Une cabine de téléphone britannique posée en surplomb du lac de Roselend. On pourra vous en parler au gîte de Plan Mya.
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