Une solution définitive à la concupiscence

Une photo de Mahsa Amini brandie lors dune manifestation en son honneur

Je ne comprends pas bien ces demi-mesures. Si je devais, moi, protéger les hommes, les faibles hommes, de la concupiscence et des errements que suscite en eux la vue et l’existence même des femmes, je ne me contenterais certes pas de demander à celles-ci de cacher leurs cheveux.

Je leur raserais le crâne pour ôter toute la chevelure et le désir qu’on a de la caresser, voilerais leurs yeux, qui sont parfois si beaux qu’on s’y perdrait ; leurs oreilles, si mignonnes ; leur bouche, si rouge, charnue et emplie de perles de lait ; je les empêcherais de chanter et de rire (car leur voix, souvent, nous attire) ; de parler (car leur mots sont souvent justes, authentiques et pleins de sagesse) ; je cacherais leurs sourcils et leur nez, dont nous sommes si craintifs et si obéissants ; et finalement couperais leur tête car ce serait plus simple. Puis leur cou (car pour le mouvement et la noblesse d’un cou, je crois qu’on pourrait se damner). Puis leurs pieds, car on peut beaucoup rêver sur un petit pied cambré (et même parfois, j’en sais quelque chose, sur des pas si petits que cela). Puis leurs jambes, bien sûr, car quoi de plus tentateur, de plus menaçant pour la stricte observance qu’une paire de jolies jambes avançant dans la rue ?

Il serait sans doute nécessaire, dans ce travail de gommage de ce qui attire, trouble et tente, de faire disparaître également les fesses et les hanches, les épaules, la poitrine, la fascinante rondeur du nombril ; et les mains, aussi, qui sont un pur chef-d’oeuvre. Mais, arrivé au point où l’on en est, je pense qu’on devrait franchir un pas supplémentaire et se montrer plus radical : ce qu’il faut, c’est simplement faire disparaître les femmes. Ou bien les hommes, ce qui finalement réglerait également la question. Ou bien encore débarrasser ceux-ci de la petite chose qu’ils ont entre les jambes et qui paraît à certains hommes (pas à tous, pas à moi, je tiens à le préciser) si insupportablement agressée et débauchée par la gente féminine.

Allons plus loin. N’est-ce pas le Créateur, disent les livres les plus sacrés, qui, au sixième jour de sa création, a créé la femme, cette créature que certains considèrent comme infâme et vouée à la perdition des malheureux hommes ? Eh bien, tirons en la lecon, et buvons là jusqu’à la lie : Haro ! Haro ! Haro sur la créature, la création et le Créateur, Haro sur cette source primordiale du vice !

Si l’on veut vraiment, perturbé qu’on serait par la joliesse d’une boucle, d’un nez, d’un regard, d’un sourire, d’un sein ou d’un mollet, faire en sorte que cette perturbation disparaisse, le seul parti qu’on puisse raisonnablement prendre est de faire en sorte que le monde n’ait pas été créé. Là est la seule solution efficace à ce problème, sa seule solution définitive.

(Mais d’autres observeront qu’il est sans doute plus simple de demander aux hommes de savoir maîtriser leur concupiscence. C’est d’ailleurs en cela (et non en la disparition de leurs désirs) que peut éventuellement consister leur mérite – bien faible en l’occurrence.)




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Un commentaire

  1. François
    14 octobre 2022
    Reply

    Très bien dit et écrit . Enfin quelqu’un qui propose de vrais solutions !

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