Je suppose que, lorsqu’on est une célébrité, les invitations à s’engager pour telle ou telle cause sont nombreuses et qu’on peut être amené, comme chacune et chacun d’entre nous d’ailleurs, à le faire trop rapidement, et à signer une pétition sans en bien relire les termes ou en en négligeant telle ou telle connotation. Il peut donc arriver qu’on puisse, à la relecture ou à la réflexion, regretter un engagement précipité, et il n’est pas illégitime qu’on puisse, dans certains cas, se désolidariser de la cause qu’on avait soutenue et demander à être biffé de la liste des signataires d’une pétition à laquelle on s’était joint.
Mais demander à retirer sa signature au motif que l’initiateur ou l’initiatrice de la pétition professe, par ailleurs, des idées que nous ne partageons pas ou auxquelles, même, nous sommes franchement hostiles, voilà qui ne me paraît ni légitime ni sain.
Une pétition est un texte, un texte qui a un sens et un objet. Et dès lors qu’il ne s’agit pas d’un texte littéraire ou poétique, ou de la parole retranscrite d’un dieu ou d’un prophète, ce sont ce sens et cet objet qui le caractérisent et le qualifient, et non la personnalité et les idées de son initiatrice, de son initiateur ou des autres signataires.
Retirer sa signature d’une pétition au seul motif qu’elle fut lancée par une personne qu’on estime peu recommandable, c’est disqualifier la parole en considérant que les mots sont moins importants que celui qui les prononce. Or hormis les quelques cas déjà mentionnés, ce positionnement fait le lit de toutes les rigidités, de tous les blocages, de tous les conformismes et de tous les conservatismes ; et il est ici d’autant plus regrettable qu’il vient d’une certaine façon appuyer la thèse qu’on prétendait, justement, finalement dénoncer : dans l’affaire Gérard Depardieu, semble-t-on finalement dire, l’important n’est pas ce qu’il a fait ou dit, c’est Gérard Depardieu.
Les personnes qui ont signé cette tribune, sans se demander ni qui ni quand ni pourquoi, ont fait exactement l’inverse de ce qu’elles (les personnes, féminin) pensaient faire : rajouter une pelle de charbon sur l’agitation médiatique et une pelle de terre sur le cours de la justice. Aveuglement funeste peut-être causé par un obscur entre soi, attisé par l’exemple (mal)venu de tout en haut, le pire, à mon avis. Les rétractions en rajoutent encore, entre les rétractions pleutres s’appuyant uniquement sur l’entre soi et les rétractions en forme d’excuse “honnête”. La justice et les médias sont (presque) libres en ce pays alors … patience.
Merci, Aldor.
Oui Gilles, tout cela donne un air de mascarade à un sujet grave qui aurait mérité un autre traitement.
Mais tous mes voeux à toi et à ceux que tu aimes pour cette année nouvelle.