Les beautés IAratiques

Last updated on 13 mai 2025

Image générée par Midjourney

Les grands modèles de langage (LLM) spécialisés dans la production graphique, Midjourney, par exemple, sont capables de générer des images, des pseudo portraits photographiques notamment, d’une grande beauté. Ils font preuve par défaut (parce qu’entraînés sur des modèles de qualité) d’un excellent goût en matière de composition, de lumière, de choix des couleurs, de profondeur de champ, de tonalités.

Les meilleures de ces images sont magnifiques, et totalement indiscernables de photographies véritables prises par de vrais photographes, à ceci près qu’elles peuvent représenter des scènes qu’aucun véritable photographe n’aurait pu saisir, et des visages qui, s’ils ressemblent à beaucoup de visages, n’existent cependant pas.

Dès lors qu’il n’y a aucune ambiguïté sur la source et la nature de ces images, et pour peu qu’on fasse un moment abstraction des problématiques énergétique et environmentale, d’un côté, de celles liées à la question des droits d’auteur, de l’autre, la présentation de ces images, qui sont encore une fois vraiment très belles, ne soulève pas de problème au regard de la vérité : comme tout ce qui provient des intelligences artificielles génératives, on sait, une fois pour toutes, qu’on n’a pas affaire à du vrai mais à du vraisemblable, à du vraisemblable tel que suggéré, rêvé, fantasmé par le pouvoir de la connotation et de l’imaginaire, notamment celui des hommes blancs et occidentaux dont les représentations alimentent les LLM.

J’éprouve en revanche l’équivalent mental d’un haut-le-cœur quand je vois affichées comme photographies réelles des images qui sont sont en fait issues du processus un peu magique d’élaboration graphique des LLM. Il y a là un mensonge, un crime contre la vérité qui, au milieu de tous les scandales du siècle (et Dieu sait s’ils sont nombreux, et si beaucoup, hélas, sont plus sanglants !) me hérisse, me choque, me scandalise au plus haut point.

Ce qui me révulse le plus, ce sont ces images, fixes ou animées, de pseudo-animaux tout petits et tout mignons, ces petites boules de poils minuscules qui paraissent sortir d’un dessin animé et qui sont présentées comme existant vraiment. Ou ces images parfaitement cadrées d’une lune vue à travers les arbres et se reflétant ensuite dans l’eau calme d’un lac où nagent des cygnes. Cela me répugne car ce qui est recherché, dans l’un et l’autre cas, c’est ́l’émotion de la vérité : le ravissement devant la mignonneté de la nature dans le premier cas ; l’enthousiasme devant le talent du photographe ayant su saisir la perfection de l’instant dans le second. Or tout cela est faux, faux, archifaux. Et ce jeu avec nos émotions, cette fausse-monnaie des sentiments, me dégoute, et encore plus quand je vois des personnes se faire rouler et crier au miracle quand il n’y a que des lignes de code.

Il y a des beautés IAratiques, et c’est très bien. Mais les donner pour réelles est plus qu’un mensonge ; c’est une insulte.


Le prompt était le suivant : « In the northern Sahara, a young woman in her thirties, from a Berber tribe, is drinking tea in her tent. She has her face uncovered and is wearing lots of jewelry. Close up. Amateur natural Photography.« 

Et Midjourney avait généré quatre images. Les trois autres étaient celles-ci, qui présentent toutes certains défauts, dans les doigts ou la façon de tenir la tasse :


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