Last updated on 6 juillet 2025

(création hybride)
Bien sûr, on admire leur capacité à brasser, organiser et tirer la substantifique moelle d’énormes quantités de données hétéroclites, la façon dont elles savent mimer (et même probablement concevoir) des raisonnements, pensées et œuvres originales (même si évidemment inspirées, mais comme toutes les créations humaines, du corpus des œuvres déjà existantes) ; on est saisis, ébranlés et plongés dans des abimes de perplexité par le paradoxe de cette intelligence et de cette inventivité surgissant d’une simple prédiction probabiliste de mots et de pixels ; mais au fond, et depuis Pygmalion au moins, la seule chose qui nous intéresse vraiment, là dedans, c’est le sexe : le sexe et la sexualité des IA génératives. Ça n’est d’ailleurs que de cela que parlent en long, large et travers tous les films, séries et romans consacrés à la question : les IA peuvent elles aimer, les IA peuvent-elles faire crac crac ?
On trouvera peut-être cette interrogation légèrement futile à l’heure où le monde a des chats autrement plus sérieux et dramatiques à fouetter. Mais, outre le fait que, des urgences, il y en a depuis que le monde est monde et qu’elles n’ont, heureusement, jamais empêché la bagatelle, il me paraît au moins aussi utile de s’intéresser à celle-ci (la bagatelle) que de prévoir les évolutions de la bourse, remplacer les acteurs et interprètes, sans parler du marché-phare des intelligences artificielles : la surveillance, le contrôle des populations, l’aide active aux opérations militaires et à la prise de décision en matière de repérage et d’élimination physique des adversaires ou désignés comme tels.
Et puis il n’est pas inutile de chercher à gratter les motivations réelles des actions que nous menons, des projets que nous développons, surtout lorsqu’ils mobilisent des ressources, des capitaux, des quantités d’attention extraordinaires, et qu’on met un soin particulier à les habiller d’idéal et de grands mots pompeux : la recherche médicale, la lutte contre le changement climatique, les progrès de la science et autres concepts dont on se gargarise en roucoulant comme des pigeons faisant leur cour. Il est bon, parfois, de jouer la Clytemnestre de l’excellent Portrait de famille, une histoire des Atrides de Jean-Francois Sivadier et de dire vertement à Agamemnon, quand il prend de grands airs et commence à justifier la Guerre de Troie par l’impérieuse nécessité de sauver l’honneur de la Grèce et autres balivernes, que tout ça c’est du flan (sans c, je viens de l’apprendre), que c’est simplement une histoire de cul et de cocu, une farce de Feydeau dont son frère Ménélas est le pitoyable dindon.
À suivre…
La totalité de la série Le sexe des iA(n)ges.
En illustration sonore, derrière ma lecture du texte, Goodbye Marilou, la très belle chanson de Michel Polnareff dont la thématique est assez proche de mon propos.
Comme cela est indiqué en légende, le dessin d’illustration est un création hybride : la version colorisée et améliorée par l’IA de Samsung d’un croquis fait au stylet, qu’on peut voir ci-dessous.

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