Last updated on 20 février 2017
Le soleil, hier, était radieux. Aussi sommes-nous allés, à pied, au sommet du Mont Clocher, qui domine les Saisies. Après avoir posé sur la neige nos anoraks, pour nous protéger de l’humidité et du froid, nous nous y sommes assis et avons ainsi pique-niqué, dominant le monde et n’ayant que le ciel au dessus de nos têtes.
Il était très agréable d’être seuls sous le ciel et de n’avoir que soleil au-dessus de nous. D’autant plus agréable que c’est chose rare pour les urbains que nous sommes, dont les yeux sont toujours encombrés d’immeubles et autres construction, les oreilles toujours submergées de bruit de fond.
Mais ce que je trouve le plus étonnant, car le plus puissant, le plus fort, le plus prégnant est cette aspiration que nous avions, sur le chemin aller, à grimper, à vouloir toujours aller plus haut, à vouloir toujours être au-dessus du monde. Nous n’étions pas seulement poussés, aspirés vers le soleil comme l’aurait été un tournesol mais poussés à monter, à dominer les choses plus encore que les êtres.
Simone Weil a, sur cette aspiration à la verticalité et à l’élévation des êtres vivants de très beaux propos du détail desquels je ne me souviens plus ici mais c’est bien cette aspiration que nous ressentions en nous tandis qu’arrivés en bas du petit monticule dont la montée permet d’accéder au sommet, nous étions impatients de grimper ces dernières dizaines de mètres pour, enfin, être tout en haut.
Je crois qu’il n’y a, en l’occurrence, ici, aucune dimension spirituelle. Seulement de l’instinct et du plaisir : dominer, voir les choses de haut, ne rien avoir au dessus de sa tête. Je ne sais pas si Thoreau, qui a su si bien parler du plaisir de marcher, a écrit sur le plaisir de grimper. Mais il aurait su le faire. C’est la même aspiration, la même inspiration.
Et je comprends parfaitement la force qui pousse les alpinistes.
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