Last updated on 25 février 2017
Je songeais ce matin à ce qu’une lectrice m’avait dit de la notion d’impermanence, chère aux Bouddhistes, et j’essayais de comprendre la raison pour laquelle je n’avais jamais été totalement à l’aise avec cette notion. Je crois l’avoir compris, ce matin, tandis que j’étais sous la douche, dont je constate qu’elle est, comme le vélo, une activité propice à la réflexion.
Sans doute est-ce une porte mille fois ouverte que j’enfonce aujourd’hui mais c’est celle qui pour moi s’est ouverte aujourd’hui. Voici donc :
Pour saisir le changement des choses, y compris de soi-même – pas pour le concevoir mais pour l’appréhender, le ressentir, le constater, il faut que quelque chose, en soi, reste fixe et ne change pas. Pour saisir le changement, il faut ne pas changer, ou changer à un autre rythme. Si c’était, à chaque instant, un être neuf qui se levait, si chaque jour était une renaissance, nous n’aurions aucune perception de quelque changement que ce soit. Nous serions des avatars incessamment renouvelés et ignorant tout de leur passé.
Mais il n’en n’en va pas ainsi. Bien que chacune de nos cellules – le mot ne m’est pas venu quand j’enregistrai – se renouvelle des dizaines ou des centaines de fois au cours de notre vie, nous avons le sentiment, la certitude, d’être le même être, de demeurer. Cet être grandit, mûrit, vieillit ; beaucoup de choses – la plupart des choses – changent en lui mais non pas tout. Sa conscience de soi reste et il se sent lui-même.
Nous vieillissons. Nous voyons bien que nous changeons. Mais c’est sur la permanence de quelque chose en nous que ce constat s’établit.
Pour saisir l’impermanence des chose, il faut de la permanence. Pour appréhender le mouvement, il faut rester fixe. Pour changer, il faut ne pas changer.
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Votre voix a une belle texture, une belle rondeur. On aurait envie de vous écouter dire des contes. Votre réflexion me fait penser à un passage du nouveau livre de François Cheng, De l’Ame, où il aborde très brièvement la question du bouddhisme en relation à celle qui l’intéresse (l’âme, donc), pour dire que « de toutes les traditions, elle est la plus radicale dans son agnosticisme vis-à-vis de l’âme » (et pour cause !). Il souligne en passant que la plupart du temps, les gens ignorent son « étrangeté fondamentale ». Je ne suis pas du tout spécialiste, mais de ce que j’ai pu lire par ailleurs, je suis étonnée et même fascinée qu’une telle conception de l’existence ait pu se développer, tant elle semble éloignée, contraire même, non seulement à l’expérience intuitive de notre présence au monde, mais aussi à celle, spirituelle, d’une mystérieuse permanence qui justifie l’amour.
Merci beaucoup…
Et faut-il être perméable pour saisir l’imperméable ? 😉
😅