Erémitisme aux Mèdes


 

A l’extrémité est de Porquerolles, la crête des Mèdes dresse sa muraille rocheuse. Là est l’orient de l’île, les rochers qui, les premiers, découvrent la lumière du jour quand le soleil surgit de la nuit.

Tout en haut de cette muraille – chaos de rochers qui se précipitent dans la mer – des oliviers, couchés par les rafales et, au milieu d’eux, des murets de pierres sèches qui sont les restes des habitations que construisirent ici, aux IVème et Vème siècles, des ermites, moines venus des îles de Lérins, pas très loin.

Quand on regarde le large, l’orient, le soleil et Port-Cros dont la longue silhouette se dessine sur le miroir des flots, on voit deux ou trois promontoires, pitons, rochers verticaux dont j’imagine qu’ils auraient pu, il y a dix neufs siècles, servir de colonne à des stylites qui s’y seraient tenus :

Ils y seraient venus le matin et auraient passés là leur journée, adorant le monde et sa grandeur, la création et son créateur, Dieu qu’ils auraient en eux-même cherché.

Quel étrange phénomène que cet érémitisme né en Egypte et en Syrie et qui poussa tant d’hommes à fuir les autres hommes, au nom d’un Dieu d’un chair qui prônait l’amour !

Je ne puis m’empêcher de voir dans cette fuite loin des autres un reste de ce manichéisme qui entrave tant de penseurs chrétiens, d’Augustin, qui le fut, à François d’Assise et à ses craintes de Claire et des femmes.

Fuir les autres, fuir le corps et ses satisfactions parce que le corps est le mal, oubliant que la grandeur de l’homme est dans son incarnation, dans la conscience de l’étendue séparant la terre du ciel.

Ermites qui, hissés sur leur colonnes de rochers, vivaient suspendus entre la lumière et la nuit, dans l’entre-deux du vol et de la chute.

 

 

Aldor Écrit par :

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