Je bavardais hier avec mon collègue François et nous parlions de Jean-Paul qui, il y a longtemps, avait été notre chef à tous deux.
Je lui disais que je l’aimais beaucoup, notamment parce qu’il avait l’art de trouver intelligent ce que je lui disais. Et non pas, bien sûr, parce que mes propos étaient spécialement intelligents mais parce qu’il projetait sur eux sa propre intelligence.
C’est souvent ainsi, et peut-être même toujours : ceux qui trouvent de l’intérêt aux choses ne sont pas ceux qui ont la chance de tomber sur des choses intéressantes ; ils sont ceux qui projettent leur propre intérêt et leur propre curiosité sur les choses. Et ceux qui, à ce qu’on dit ou à ce qu’on fait, ne trouvent qu’ennui et pauvreté, ne font souvent que projeter sur nous leur propre ennui et leur propre pauvreté.
Et il en va ainsi pour tout : ceux qui trouvent le monde beau et merveilleux, ça n’est pas qu’ils sont miraculeusement tombés sur un coin exceptionnel du monde ; c’est qu’ils projettent sur le monde – le même que le nôtre – la beauté qu’ils portent en eux. C’est, par un renversement de perspective identique à celui entrepris par Simone Weil lorsqu’elle parle des droits et des devoirs, la perspective d’Etty Hillesum se réjouissant des fleurs de Westerbork.
Bien plus que des réceptacles ou des récepteurs, nous sommes des projecteurs. Et les meilleurs d’entre nous sont ceux qui illuminent le monde de leur propre lumière.
PS : je me rends compte que j’ai parlé exactement de la même chose il y a de cela deux ans. Tant pis : je me répète. J’évolue cependant un peu aussi : c’est bien le même point de départ, c’est bien du même Jean-Paul que je parle mais ma vision a un peu évolué… Ça n’est pas tant qu’il savait trouver qu’il savait créer…
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Oh ouiiiii ! que je suis d’accord avec ça ! J’ai aussi la même impression avec les personnes qui savent parler de telle façon (avec clarté et bienveillance) que l’autre se sent intelligent…