C’est précisément dans l’acceptation du mouvement propre de la discussion, et donc dans l’abandon de nos arguments premiers, que le progrès de la réflexion et la qualité de l’échange résident.
Étiquette : Katia
J’ai, pour ceux qui au travers de l’aquarelle, de la photographie, du dessin, de la poésie, du chant ou de la musique, savent rendre et exprimer la mélancolie des choses, la beauté tendre et discrète qui y est contenue, invisible à ceux que le temps presse, une immense gratitude. Leur attention révèle ce que le premier regard ne voit pas, il rend au monde sa douceur et sa complétude.
Tisser, c’est accepter d’être tissé ; c’est abdiquer la position du maître et renoncer à celle de l’esclave ; quitter ces cases confortables, ces rôles où l’on se sent si bien pour embrasser l’inconnu et la vie, accepter de se perdre, renouer avec la joie du flux.
Je me demande pourquoi beaucoup, dans la rue, qui n’ont pourtant pas de blessure saignante, montrent ce visage soucieux ou renfrogné. Ne savent-elles pas capter le plaisir infini des choses les plus simples ou craignent-ils seulement d’être considérés comme superficiels, égoïstes ou inconscients parce qu’ils ne pleurent pas, à chaque instant, sur l’immensité des malheurs du monde ?
C’est étrange, comme nous aimons les choses (et peut-être les êtres) de façon limitée et temporaire, jamais de façon absolue et pérenne, sauf celles qui nous échappent. Vient toujours un moment où, à l’envie, au plaisir, au désir, succède l’ennui, la lassitude, quand ça n’est pas une sorte de dégoût.
Il n’y a d’authenticité, de vraie fidélité à soi-même que dans l’aboutissement, dans la pleine et totale réalisation de nos potentialités, dans l’effort mené jusqu’à son terme.
Avec les animaux comme avec les êtres humains, la caresse, dès qu’elle ne s’impose pas, est bijective, à la fois donnée et reçue, plaisant à qui la donne comme à qui la reçoit. Au point qu’à strictement parler, la caresse ne se donne pas plus qu’elle ne se reçoit ; elle se partage ; elle est un dialogue.
On peut évidemment se tromper ; il faut évidemment pouvoir se tromper : si la chose était sûre, ce ne serait plus foi mais connaissance, et la magie du saut dans le vide disparaîtrait. C’est de l’incertitude que le geste tire sa beauté et donc sa force.
Même les vélos normaux mis à disposition du public sont des mécaniques lourdes et épaisses à larges moyeux, larges tubes, larges pneus, larges rayons ; des bicyclettes qui, comme la grenouille de la fable, auraient voulu se faire aussi grosses que des mobylettes. La simplicité, la pureté, l’économie de moyens qui sont l’essence du vélo sont ici piétinées, emportées dans la spirale inflationniste qui régit l’industrie automobile, qui ne conçoit le progrès que sous forme d’alourdissement et d’accumulation de matière.