Les êtres, humains mais aussi animaux, les êtres humains comme les autres animaux, ne sont interchangeables que pour celles et ceux qui les veulent interchangeables,…
Étiquette : Katia
La distinction, comme travail bien fait, ne consiste pas seulement à connaître les règles du savoir-vivre et les codes, mais à les connaître et les maîtriser assez pour savoir et pouvoir s’en affranchir. C’est ce qui la rend si élitiste et si difficile d’accès : il ne s’agit pas d’appliquer les règles mais de jouer avec elles, et ceux qui se contentent de faire ce qu’on leur dit jamais ne passeront la porte du paradis.
En l’absence de partage, le plaisir de la liberté se dissout et file entre nos doigts ; il devient une sorte de fausse monnaie, de chose à jamais trompeuse et incomplète
Il y a une façon de rendre hommage aux gens, que nous pratiquons tous, je pense (du moins je sais que cela m’arrive) et qui est à la fois irritante et malvenue. C’est celle qui consiste à souligner non pas les qualités intrinsèques d’une personne ou de son œuvre mais la notoriété des hommes et des femmes qu’elle a côtoyées.
Je crois que c’est pour son épaisseur, son hétérogénéité, son irréductible désordre, son mélange incessant de petites et grandes choses, de phénomènes célestes et de faits anecdotiques et ridicules ; pour son manque de sérieux et d’esprit de sérieux que la vie vaut d’être vécue.
Je me dis parfois, de plus en plus souvent, qu’une promesse faite mais non tenue vaut mieux que l’absence de promesse ; et que celle-ci est plus souvent révélatrice de pusillanimité que de noblesse de coeur.
Peut-être notre génie propre, notre capacité à représenter le monde, à le penser, à le rationaliser (et notre propension à l’instrumentaliser qui l’accompagne) découle-t-elle de cette angoisse, de cette panique première face aux choses, de ce renfermement initial de l’esprit sur lui-même pour éviter qu’il ne soit débordé. Et de là les dessins, les mots, les sciences et les arts.
Il y a, dans le balancement de la marche, une invitation constante à sentir, à penser, et parfois à rêver. Mais cette invitation diffère selon la marche, selon qu’on soit sur une route, un chemin ou un sentier : il y a, dans le rythme différent des pas, dans la maîtrise plus ou moins grande qu’on a de ce rythme, dans la confiance qu’il est plus ou moins nécessaire d’accorder à son corps plutôt qu’à son esprit, une variété d’états d’âme. Sur les grandes voies, l’esprit est militaire ; sur les sentiers, il danse comme un papillon.
J’aimerais être Moravia pour écrire, ou Godart pour filmer L’ennui, qui serait le contrepoint du Mépris, l’histoire d’un couple où nul n’aurait rien à reprocher à l’autre, mais qui se déferait pourtant sous la lente et irrésistible morsure de l’ennui.
Il y a quelque chose de scandaleux et de révoltant dans le principe de l’absolution, lorsqu’elle est accordée à des femmes ou à des hommes qui ont commis le mal dans le passé. Mais il y aurait quelque chose de plus scandaleux et révoltant encore à interdire qu’elle ne leur soit accordée. Car en définitive, face au présent, le passé ne pèse rien et c’est très bien ainsi.