Faillite morale

Tuer volontairement, de sang froid, et sans autre raison que leur présence à cet endroit, des centaines de jeunes (ou de moins jeunes, c’est sans importance) qui dansent et écoutent de la musique dans le désert, comme d’autres, il y a quelques années, le faisaient au Bataclan, cela devrait révulser chacune et chacun d’entre nous. Et que cela ne soit pas le cas ; que certains se refusent à condamner cette action pour ne pas affaiblir la cause palestinienne ou ne pas sembler donner leur appui à la politique du gouvernement israélien ; que d’autres se taisent pour ne pas accorder plus d’importance à ce malheur qu’à tous les autres malheurs du monde, et ils sont nombreux ; que d’autres enfin aient pu considérer, ne serait-ce qu’un instant, qu’il ne s’agissait pas là de terrorisme mais d’un acte de guerre, du seul acte de guerre que puisse commettre une armée pauvre affrontée à une armée puissante ; cela témoigne, comme le relevait justement hier matin la rabbine Delphine Horvilleur, d’une faillite morale.

Cette faillite, c’est notre incapacité à nous dégager du relativisme, notre gêne à pleurer parce qu’il y a tant de choses qui mériteraient nos pleurs, notre refus de hurler parce qu’il y a tant de choses que, déjà, nous avons laissé faire.

Et cependant, ni les migrants qu’on laisse se noyer en Méditerranée, ni les populations qu’on laisse être exploitées, ni les massacres de lycéens en Ouganda, ni les famines, guerres et exils qui se propagent un peu partout, ni les exactions commises par l’Etat israélien, ni la douleur, immense, des Gazaouis bombardés et assiégés, ne sauraient justifier ce qui a été fait.

Rien, jamais, ne justifie le Mal.

Et rien ne justifie que nous retenions nos sanglots.

Aldor Écrit par :

Un commentaire

  1. François
    10 octobre 2023
    Reply

    Très bien dit

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.