Figures de l’Ange

Ange volant – Musée du Louvre

Écoutant Zaho de Sagazan, je me disais que l’Ange a plusieurs voix, plusieurs visages, plusieurs figures ; qu’il revêt probablement autant d’apparences qu’il a d’apparitions mais que c’est bien, à chaque fois, de l’Ange, du même ange qu’il s’agit ; et que là, pour moi, à cet instant précis, c’était elle.

L’Ange est cette créature qui, par son sourire (sa voix souriante, son visage souriant, son attitude souriante, le sourire exprimé en chacune de ses manifestations), cette créature qui, par son sourire, nous réconcilie avec le monde et nous-mêmes, apporte la paix et la douceur, chasse les ombres, les aigreurs, les colères et fait s’évanouir les méchants.

L’Ange, souvent, revêt les traits de la personne aimée, car l’amour a cette même vertu révélatrice et salvatrice, mais il ne les revêt pas toujours, pas seulement, pas nécessairement. Il y a parfois, dans la grâce presque imperceptible, dans l’inachèvement, la légèreté d’un geste, d’une intonation, d’une esquisse, d’un tremblement, une tendresse, une compassion, une intelligence des choses et des êtres qui nous bouleversent, nous arrachent à nous-mêmes, ouvrent le sol sous nos pas.

L’Ange à la fois nous précipite et nous rend à nous-mêmes, délié de tout ce qui nous encombre, nous appesantit, nous aveugle. Il libère le corps, le corps si souvent plus inspiré, plus véridique, plus profond, plus subtil et plus spirituel que notre esprit.

Me balançant aux paroles, à la voix, aux murmures de la Symphonie des éclairs, de cette chanson sensible et inattendue, je me dépêtrais du fatras, du gras, du morne, du sale, du menaçant dans lequel nous sommes ces jours-ci engoncés, de cette pesanteur, de cette puanteur, qui plombe nos journées, les rendant grises et visqueuses. Dans cette voix fragile, hésitante, cette voix qui cherchait, cette voix en tout point opposée à l’assurance bouffie et péremptoire de tous ceux qu’on entend ces jours-ci, de tous ceux qui prétendent tout savoir, tout régler, tout gouverner, je retrouvais la liberté, la fraîcheur, un chemin vers la lumière.

“Tout l’enfer tressaillit. L’ange, extraordinaire,
Superbe, souriant, descendait.
Sa clarté,
Sereine, blêmissait l’enfer épouvanté.
Le chaos éperdu montra sa pourriture.”

Victor Hugo, La fin de Satan.

Aldor Écrit par :

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