Nous sommes ces êtres qui à chaque instant rêvent, imaginent, se souviennent ; à chaque instant s’étendent au-delà d’eux-mêmes ; à chaque instant projettent leurs pensées, leurs espoirs, leur regrets dans l’espace et le temps comme la méduse ses tentacules dans le flux du courant.
Catégorie : Choses de la vie
Dans ces affaires ou l’importance des choses se reconnaît au retournement, à l’hésitation continuelle de la conscience, le signe le plus clair de la pesanteur est ce besoin de vouloir trancher de facon définitive, cette incapacité à accepter la légèreté de l’être.
Ne pas faire tout ce qu’on peut faire, ne pas dire tout ce qu’on peut dire mais laisser volontairement des choses en suspens, des choses dans l’inachèvement ; laisser du vide et du silence pour que, au sein de ce vide et de ce silence, puisse advenir autre chose.
Ce n’est pas l’absence de croissance qui cause la crise, c’est la crise préexistante qui rend la croissance nécessaire. Celle-ci n’est pas un remède mais l’indice de la maladie.
La multiplication des sites, applications, logiciels, outils créés pour faciliter la vie à pour contrepartie immédiate la multiplication des contraintes (mises à jour, mises en cohérence, gestion des identifiants et des mots de passe, réplication) imposées à celles et ceux qui les gèrent et à celles et ceux qui les utilisent, c’est-à-dire tout le monde.
L’existence du désir n’est socialement légitime que dans le regard, la bouche et la pensée de celles et ceux qui sont eux-mêmes désirables. Pour les autres, il devient une obscénité, une chose contre nature : on ne peut être légitimement sujet de désir qu’à condition d’être objet de désir, à tout le moins de pouvoir l’être.
On a tellement de mal à avouer, et même parfois à reconnaître sa faiblesse, son désir, son besoin des autres, sa dépendance. Et on est surtout tellement instruit par la vie, l’expérience et la petite connaissance qu’on acquiert peu à peu de nous-mêmes ; tellement convaincu de la vérité, de la véracité, plutôt, du terrible aphorisme qui dit : « Tu me fuis, je te suis ; tu me suis, je te fuis. »
Je crois que des êtres qui choisissent volontairement de s’affubler d’un tel accessoire ; de cette chose douce, mignonne mais évidemment ridicule, ne peuvent être totalement méchants.
Est-ce pour cela que ce « humhum », dont nul ne sait d’ailleurs très bien comment il se prononce et s’écrit ; est-ce pour cela que ce « humhum » reste innommé ?
Nous errons, troupeau divagant à travers les places et les boulevards, les cafés et les brasseries, les théâtres, les salles de spectacle, cherchant la lumière et le bruit mais comme nous le ferions de phares : non pour en être constamment illuminés, pour substituer le jour à la nuit, mais pour, restant dans l’ombre, dans cette obscurité un peu canaille que nous aimons aussi, en être parfois brièvement éclairés, éclairés et rassurés.