Nos œuvres les plus originales et les plus créatives sont des réinterprétations, des revisitations, des remakes d’œuvres déjà créées et qui renaissent indéfiniment dans ce processus continu de reprise et d’imitation, de régénération.
Catégorie : Technologie
Rien ne ressemble plus à notre intelligence, rien n’est à certains égards plus proche de notre intelligence, que son imitation, y compris dans les applications, notamment médicales et scientifiques, qui ne se contentent pas de singer, mais qui cherchent et découvrent.
Les grands modèles de langage (LLM) spécialisés dans la production graphique, Midjourney, par exemple, sont capables de générer des images, des pseudo portraits photographiques notamment, d’une grande beauté. Ils font preuve par défaut (parce qu’entraînés sur des modèles de qualité) d’un excellent goût en matière de composition, de lumière, de choix des couleurs, de profondeur de champ, de tonalités.
Quand on demande aux IA génératives de représenter le réel, il est singulier de leur reprocher ensuite de livrer une version réaliste du réel.
La multiplication des sites, applications, logiciels, outils créés pour faciliter la vie à pour contrepartie immédiate la multiplication des contraintes (mises à jour, mises en cohérence, gestion des identifiants et des mots de passe, réplication) imposées à celles et ceux qui les gèrent et à celles et ceux qui les utilisent, c’est-à-dire tout le monde.
La grande force (et la grande faiblesse) des IA génératives est en effet de partager avec nous (nous : êtres humains plutôt blancs et masculins vivant au XXIeme siècle dans les pays riches du nord et de l’Occident) une immense épaisseur de connaissances, de références culturelles, de préjugés, de biais, de fantasmes, d’idées toutes faites, de lieux communs : tout un ensemble idéologique (cela soit dit sans aucun jugement) que nous avons en commun avec elles, et qui leur permet de comprendre en très peu de mots ce que nous voulons qu’elles représentent.
Que Copilot ne sache pas faire de schéma, je le conçois ; ce qui stupéfie, c’est qu’il en fasse quand même ; et ce qui est prodigieusement intéressant, c’est que son approche des schémas étant purement graphique, le souci sémantique est en totalement absent. L’objectif de l’IA n’est pas ici de produire un schéma qui ait du sens, c’est de produire un schéma qui ressemble à un schéma ; et c’est pourquoi les mots, les cases, les flux sont totalement interchangeables : ils ne représentent rien. Ou pour dire les choses autrement, les deux hémisphères du réseau neuronal qui coopèrent chez les humains sont ici déconnectés l’un de l’autre ; et de cette déconnexion naissent des monstres.