Quand on a été touché par l’aile de l’amour,
On ne peut pas se contenter de fausse monnaie.
Étiquette : amour
Attiser la haine et le rejet, les fomenter, est infiniment plus facile,demande infiniment moins d’énergie, que de susciter et d’entretenir l’adhésion et l’amour.
Pauvre Jésus qu’on transforme en Père Fouettard et dont on ne sait plus voir que les larmes et le sang, lui qui est venu pour libérer.
Les demandes que nous adressons, explicitement ou implicitement, à celui ou celle que nous aimons, les attentes que nous avons envers lui, les exigences que nous avons à son égard, s’adressent souvent à un autre et en fait d’abord à nous-mêmes.
La recherche compte sur la raison et la science pour gravir le chemin de la vérité ; l’attente espère le secours divin. Là est peut-être la différence profonde entre Descartes et Pascal. Ça n’est pas que l’un douterait quand l’autre ne douterait pas mais Descartes espère dépasser le doute en s’élevant par la connaissance et la raison quand Pascal préfère attendre que la grâce descende sur lui.
Il faut apprendre à voir le monde comme ce nouveau-né de la Nativité, plus puissant que tous les puissants de la terre, mais qui, en ce jour de naissance dans son étable de Bethléem, n’est que fragilité. Il est Dieu mais ne vit pourtant, ne survit pourtant que par l’amour qu’on lui porte, l’attention qui lui est dédiée. Et sans amour, ce dieu mourrait
L’autre est autre : il n’est pas ce qu’on attendait, il n’est pas ce qu’on espérait, et pourtant on l’aime. Et l’amour est l’acceptation de cela. Non seulement de l’altérité de l’autre mais du fait qu’il ne colle pas à nos schémas et que pourtant nous l’aimons. Que nous l’aimons par son altérité, dans son altérité, et en partie au moins pour son altérité.
On ne demande, on ne demande vraiment qu’à ceux qu’on aime – quelle que soit la sorte d’amour qu’on leur porte : estime, amitié, amour ou amour ; aux autres, on ne demande que des choses insignifiantes : “passe moi le sel”, “donne moi le pain”.
Dès lors que la demande est signifiante, elle ne s’adresse qu’à ceux qu’on aime. Et elle porte en elle autre chose, qui lui est irréductiblement liée même si elle n’apparaît pas toujours : un don. Au cœur de chaque demande faite à ceux qu’on aime, il y a don : don de confiance, don de temps, don de soi.
Sans amour pour le renouveler sans cesse, le régénérer sans cesse, lutter à chaque instant contre le laisser-aller, la paresse, la vieillesse, et la facilité ; sans amour pour remettre de la verticalité dans ce qui aurait sinon tendance à décroître et à s’effacer ; sans amour pour relier, tout en respectant l’altérité, ces îles que chacun d’entre nous formons, pour faire le premier pas en brisant le silence, pour éclairer le monde de notre sourire et de notre attention ; sans ces gestes sans cesse répétés d’amour et cette main toujours à nouveau tendue, le monde mourrait.