Nous craignons tellement, et à juste titre, au cœur de cette crise, de retomber ensuite dans nos vieux errements ; nous craignons tellement, nous connaissant bien, d’oublier nos espoirs et nos craintes, nos promesses et nos élans, pour tristement renouer avec le Business as usual ; que nous sommes tentés, pour éviter cela, pour conjurer ce risque de retour à une normalité honnie et suicidaire, d’embrasser des chemins périlleux.
Nous avons tellement peur de nous-mêmes, de notre paresse et de la faiblesse de notre volonté que nous sommes prêts, pour éviter l’enlisement, l’ensablement, la stagnation dans le marais des habitudes, à suivre des appels à une rupture totale là où tout n’est pas à rompre.
Nous voulons si fort ne pas être engloutis par le Charybde de la société de pillage du monde, de destruction de la nature, de consommation et d’exploitation des êtres et des choses que nous sommes prêts, pour éviter cela, à nous précipiter vers Scylla et à jeter le bébé avec l’eau du bain.
Tout, pourtant, n’est pas à rejeter dans ce que nous avons construit ; il s’en faut de beaucoup.
Mais trouver une voie médiane qui soit un chemin de crête et non pas une ornière, qui soit l’expression de choix courageux et non celle d’une suite d’abandons, demande du temps et de l’attention..
Ne nous précipitons pas, même par crainte de nous-mêmes, vers des solutions préfabriquées, déjà pensées, déjà figées. Probablement sont-elles déjà mortes. Prenons le temps de méditer et d’imaginer.
Ce sont moins les décisions des “nous” qui m’inquiètent que celles des “eux” qui ont le pouvoir et qui voient des choses très au dessus de ma tête !
Merci, Aldor, et une bel après-midi à toi, tranquille et joyeux.
Oh ! Tout m’inquiète, Gilles (et en même temps rien : je suis d’un naturel optimiste).