Last updated on 22 février 2025

(image générée par Le Chat, de Mistral AI)
Je poursuis mon exploration : avant les mails, nous avions le courrier, avant le téléphone portable le téléphone fixe, avant l’avion le train, la carriole ou la marche à pied, avant le tracteur la charrue, et nous nous en portions aussi bien. Pas mieux, pas mieux du tout ; mais pas vraiment plus mal non plus. La seule chose qui ait vraiment changé entre alors et maintenant, c’est notre nombre, le nombre de femmes et d’hommes vivant sur terre.
C’est pourquoi il n’est pas absurde de considérer que les gigantesques quantités d’énergie, d’eau, de matière que nous utilisons, les masses considérables de déchets que nous produisons, de façon croissante dans l’un et l’autre cas, ne servent en fait qu’à cela : non pas améliorer la vie humaine mais l’adapter à une population croissante et de plus en plus étendue, et simultanément rendre possibles cette croissance et cette extension.
Pour dire les choses autrement : l’intelligence et la créativité dont fait preuve homo sapiens viseraient non seulement, comme le raconte le mythe d’Épiméthée, à compenser notre nudité, notre faiblesse physique ; mais aussi à rendre possible et accompagner notre multiplication, notre phénoménale expansion à travers la planète. Ou, pour dire les choses d’une autre manière encore : homo sapiens serait cette créature qui croit librement inventer et développer des technologies sophistiquées par curiosité et amour de la science mais il ne ferait en réalité que mettre en œuvre un programme inscrit dans ses gènes : inventer tout ce qu’il faut inventer pour permettre à l’espèce de se multiplier et de se répandre partout : tous nos beaux joujoux, toutes nos créations, et la croissance économique elle-même, ne seraient finalement là que pour nous permettre de vivre plus nombreux, plus densément, dans des territoires de plus en plus étendus sur la terre, voire sur d’autres planètes. Et c’est parce qu’il s’agirait de l’application d’un programme inscrit dans nos gènes beaucoup plus que d’une manifestation de la liberté et de la raison que cette propension à créer, à inventer, à produire, pourrait prendre, comme aujourd’hui, une tournure folle et totalement irrationnelle.
On ne le dit pas assez : la différence la plus radicale que nous ayons eue avec notre cousin Neandertal et les autres espèces homos que nous avons côtoyées et qui ont disparu ; et celle que nous avons encore avec les hominidés les plus proches de nous : bonobos, chimpanzés, gorilles et orang-outans ; c’est la démographie et la diffusion territoriale : nous sommes une multitude qu’ils n’ont jamais été, une expansion géographique qu’ils n’ont jamais connue ; et cela, qui est permis par notre fabuleuse inventivité en matière d’agriculture et de techniques (mais aussi, sans doute, de philosophie, gravure et invention de mythes) rétroagit positivement en permettant des brassages génétiques dont nos cousins proches et lointains n’ont jamais bénéficié.
A suivre…
En illustration sonore, en sus de Bayati, de Georges Gurdjieff, un enregistrement de chimpanzés qu’on doit à la BBC, que je remercie.
Comme cela est indiqué dans la légende, l’image d’illustration a été générée par Le Chat le programme d’intelligence artificielle de Mistral AI. La consigne (prompt) était : « Sur une photo de famille dans le style d’une photo de studio professionnel, posent des hommes et des femmes habillés, et des bonobos, gorilles et orang-outans. Tous regardent la caméra avec sérieux. Photographie de qualité dans le style d’une couverture de National Geographic« .
Croissez et multipliez |
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1. Qu’est-ce qui croît, dans la croissance ? |
2. Une ruse génétique ? |
3. Drill, Baby, drill ! |
4. L’économie et la bicyclette |
5. La saturation des exutoires |
6. Résister à l’hubris |
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