Ne sont vraies et importantes que les choses vibrantes, vis-à-vis desquelles la cohérence n’est jamais totalement acquise.
Catégorie : Choses de la vie
L’image des cimetières n’exprime pas ce que nous avons été mais ce que nous laissons. Et aussi choquant, voire scandaleux, que cela puisse paraître, c’est bien notre vieillesse que nous laissons en souvenir lorsque nous mourons vieux. Jeunes, beaux, forts et dynamiques, nous l’avons sans doute été ; mais dans un passé à jamais révolu et à jamais enfui, qui a déjà donné ce qu’il pouvait donner et n’a plus aucune réalité.
Nous autres humains partageons avec les singes capucins, les autres primates, et probablement d’autres encore, cette conscience aigüe de la justice et de l’équité, qui nous rend l’injustice insupportable.
Je me demande, parfois, si l’on ne prend pas les choses à l’envers. S’il n’est pas déraisonnable d’imaginer qu’on puisse, avant d’avoir éradiqué en nous cette violence, bâtir une nouvelle alliance ? S’il n’est pas illusoire de songer s’attaquer au réchauffement climatique, à l’effondrement de la biodiversite, à la salissure du monde sans être d’abord allés au coeur des ténèbres pour reconnaître le colonel Kurtz que chacun d’entre nous a en lui ?
Je ne comprends pas bien ces hommes et ces femmes qui, à l’incroyable richesse de la dualité hommes-femmes, préfèrent la platitude indifférenciée de l’humain ; ces humains qui militent pour plus de mixité, tout en prétendant qu’hommes et femmes sont strictement identiques ; ces hommes et ces femmes tellement imbues de patriarcat qu’elles ne valorisent que les attributs prêtés aux hommes.
Nous avons tendance à tout vouloir perfectionner, y compris ce qui travaille contre nous et contribue objectivement à la destruction de l’environnement et au pillage du monde : faire mieux est chez nous un ressort plus puissant que faire bien.
Habiter vraiment son rôle (ou sa fonction) est le seul moyen de lui donner vie et humanité, de lui ouvrir les chemins de la morale et du remords, et de lui permettre d’échapper à la fonction de rouage anonyme appliquant mécaniquement les consignes reçues.
Il y a, dans tout sentiment amoureux, l’ambition (la prétention ?), l’illusion peut-être, d’être celui ou celle par qui l’espérance, la joie et le salut se fraieront un chemin jusqu’au cœur de l’autre ; d’être le prince charmant dont les sentiments purs, l’amour vrai et le dévouement sauveront l’être aimé de son sommeil, du sort qui lui fut jeté, de ses peurs ; et lui permettront d’être enfin lui-même, d’être qui il ou elle est vraiment.
Je me demande s’il n’y a pas, dans notre amour du maquillage, de la coiffure, de la scarification, du vêtement, de la mode, dans notre recherche continuelle de ces atours qui à la fois nous fondent et nous distinguent, le désir de pousser plus loin encore, serait-ce en le brouillant, ce jeu délicieux de l’habit et du moine, du rôle et de la reconnaissance.