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Etty Hillesum, que je connaissais très peu jusqu’ici, et que j’ai découvert avec stupéfaction et passion, offre, avec son action dans le camp de Westerbork, un exemple extraordinaire d’abnégation.
En août 1943, moins d’un mois avant que sa famille et elle ne soient eux-mêmes déportés, elle travaille tout une nuit à réconforter, habiller, nourrir, aider des personnes qui ont été désignées pour partir dans un convoi.
Rédigeant sa lettre le lendemain alors que tout est fini, elle constate à quel point il est étrange que la compassion et l’instinct d’aide l’aient ainsi conduite à accompagner, adoucir, apaiser le voyage vers ce qui est très probablement la mort.
Elle s’en rend compte mais ne le regrette pas. Des raisons plus profondes l’ont guidée et l’on comprend que dans les circonstances dans lesquelles elle était, elle a jugé – elle a su – que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire, que c’était ce qui devait être fait.
Et elle l’a fait sans hésitation, cela parut-il immoral ou complice des assassins. Et là est la totale abnégation.
[…] Comme on pourra le constater en écoutant la lettre que je lis, qui est la plus longue envoyée de Westerbork, et qui est datée du 24 août, ce n’est pas l’ignorance, l’aveuglement ou l’inconscience qui justifient cette attitude : Etty Hillesum est parfaitement consciente de la tragédie qui se joue, elle distingue précisément les cruautés, les lâchetés, la noirceur de ce qui l’entoure ; elle sait, ou du moins devine, le sort qui lui est réservé, à elle comme aux autres. Elle fait seulement preuve, dans ces circonstances, de cette forme extrême de courage qu’est la totale abnégation. […]
[…] Comme on pourra le constater en écoutant la lettre que je lis, qui est la plus longue envoyée de Westerbork, et qui est datée du 24 août, ce n’est pas l’ignorance, l’aveuglement ou l’inconscience qui justifient cette attitude : Etty Hillesum est parfaitement consciente de la tragédie qui se joue, elle distingue précisément les cruautés, les lâchetés, la noirceur de ce qui l’entoure ; elle sait, ou du moins devine, le sort qui lui est réservé, à elle comme aux autres. Elle fait seulement preuve, dans ces circonstances, de cette forme extrême de courage qu’est la totale abnégation. […]
[…] d’un combat : être la France, incarner la grandeur de la France. C’est l’abnégation – ce mot que je n’arrivais à trouver tandis que je réalisais mon enregistrement […]
[…] figure d’Antigone servant de guide à son père Oedipe, ou dans celle d’Etty Hillesum réconfortant du mieux qu’elle peut les âmes et les corps éplorés, qu’elle trouve son expression la plus […]