Je me demande pourquoi beaucoup, dans la rue, qui n’ont pourtant pas de blessure saignante, montrent ce visage soucieux ou renfrogné. Ne savent-elles pas capter le plaisir infini des choses les plus simples ou craignent-ils seulement d’être considérés comme superficiels, égoïstes ou inconscients parce qu’ils ne pleurent pas, à chaque instant, sur l’immensité des malheurs du monde ?
Étiquette : Etty Hillesum
Le diable et les créatures de Jerome Bosch, les êtres démoniaques qu’on trouve dans toutes les cultures du monde et que tous les enfants cherchent sous leur lit la nuit venue, ne sortent pas de rien mais de là : il y a, au fond de nous, quelque chose de cruel qui palpite.
Notre capacité à être heureux dans le malheur du monde fache les hypocrites et provoque la colère des totalitarismes religieux et laïques qui voudraient que le monde forme un bloc, mais elle est profondément ancrée en nous et se confond avec l’étincelle de la vie.
Peut-être – sans doute au bout du compte – ne peut-on pas être à la fois totalement à une tâche – ce qu’exige l’attention – et dans le même temps s’ouvrir (ou se laisser aller ?) à cette sorte de distanciation qu’est l’humour.
Que chacun de nous fasse un retour sur lui-même et extirpe et anéantisse en lui tout ce qu’il croit devoir anéantir chez les autres.
Peut-être faut-il, pour ressentir vraiment certaines choses, les recueillir dans le silence, les absorber dans le silence, et dans le silence les laisser mûrir et s’épanouir. A vouloir les dire, les exprimer, les mettre en mots, on risque non seulement de les gauchir, de les affadir ou de les détourner de leur sens premier mais, plus radicalement, de ne pas leur donner le temps.
Etty Hillesum écrit dans son journal, à la date du 17 mars 1942 : « C’est la mission historique de la femme, pour le temps à…
Je lisais ce matin (et lis dans le microphone) le passage que reproduis plus bas, dans lequel Etty Hillesum, à la date du 27…