Quand mes enfants sont nés et qu’ils étaient tout petits, j’avais toujours peur, lorsque je les portais dans mes bras, de trébucher ou de faire un faux pas. Ils étaient si fragiles, si dépendants, si dénués de tout ! Et durant les premières semaines, les premiers mois, les premières années, leur mère et moi n’avons été que protection et amour à leur égard car ils avaient besoin de tout et ne pouvaient faire que cela : absorber l’amour et la protection que nous leur donnions.
En grandissant, les choses changent : à cet amour là, qui demeure, s’ajoute (ou s’amplifie, car il a toujours été là, lui aussi) le respect de la liberté. Cet enfant doit être protégé mais il ne faut pas que cette protection soit un carcan, qu’elle l’enchaîne ou l’entrave. Et les parents doivent apprendre cet amour qui est non seulement respectueux mais vise à la séparation, la souhaite.
L’amour pour une personne est plus difficile encore : nous voulons la protéger, chasser de son chemin toute peine et toute souffrance ; nous voulons – Ô combien ! – respecter sa liberté ; mais nous voulons aussi (et concilier tout cela est parfois difficile) qu’elle nous aime et nous choisisse, à chaque instant renouvelé : être l’élu de son élue, l’aimé de celle qu’on aime !
Avec l’enfant comme avec l’être aimé, l’amour est attention, attention manifestée : veiller, ouvrir ses sens, combler les besoins, répondre aux désirs, avant même qu’ils ne soient exprimés. Nous le pouvons car nous avons avec ces êtres une expérience commune : avant d’être parent nous avons été nouveau né ; avant d’aimer, nous avons été aimé. Nous rendons, dans l’amour que nous donnons aux autres, l’amour qui nous a été donné – et c’est sans doute aussi pourquoi certains d’entre nous aiment si mal.
Mais nous n’avons pas avec le monde cette relation charnelle venue du fond de nous-même. Nous aimons le monde – et bien plus que nous le croyons : son ciel, son soleil, ses arbres, son eau chaste et précieuse, ses nuages, ses fleurs et ses montagnes, son vent, ses animaux, sa terre – nous aimons le monde et sommes unis à lui par une infinité de liens dont la lente brisure nous blesse mais nous ne le regardons pas avec cette attention immense, cette pure attention, que nous avons pour les êtres que nous aimons.
Il faut apprendre à ressentir le monde et à l’aimer de cet amour dont nous aimons les êtres que nous aimons. Apprendre à le voir comme ce nouveau-né de la Nativité, plus puissant que tous les puissants de la terre, mais qui, en ce jour de naissance dans son étable de Bethléem, n’est que fragilité. Il est Dieu mais ne vit pourtant, ne survit pourtant que par l’amour qu’on lui porte, l’attention qui lui est dédiée. Et sans amour, ce dieu mourrait.
Ainsi est le monde : immense, puissant, terrible, magnifique et merveilleux mais qui sans amour et sans attention mourra.
Merci de mettre l’accent sur cet amour, indispensable et précieux, et si nécessaire à la progression et à la compréhension du monde…
De joyeuses Fêtes de fin d’année à vous 🙂
Merci Dom. Précieux mais également indispensable car sans lui rien n’est.
Oui. J’abonde dans ton sens : Indispensable !
Je vous rejoins dans votre sentiment 🙂
Merci Monaminga.
La notion d’amour pourrait-elle mourir avec l’homme ?
Non, l’animal est capable d’autant d’abnégation et de profondeur
Abnégation et profondeur peut-être. On le voit dans la façon dont certains se sacrifient à d’autres. Mais la richesse et la complexité de l’amour humain, je ne suis pas sûr qu’on les retrouve en dehors de l’homme…
Je pense qu’en partie oui. Il y a de l’amour en dehors de l’homme mais peut-être pas riche de toute cette richesse dont l’amour humain est porteur.
Et les animaux ne savent pas qu’ils aiment.
Tu crois ? Je ne sais pas.
Je ne sais pas non plus.
Très beau texte, merci 🙂
Merci Christelle.
Dieu est amour…
J’aimerais bien, Charef, et c’est ce que crois parfois ressentir.
Splendide, l’amour est l’essence de la vie. Joyeux Noël
Merci, Cat !
🙏🏼
Ah cher Aldor, je ne peux m’empêcher de glisser ici qu’il en est parmi nous qui aiment le monde ainsi, avec cette attention, cette blessure au cœur, ce désir d’en être aimé. Cela a toujours été ainsi pour moi.
Tu as raison, Frog. Et la beauté de ta poésie en témoigne.
Merci 😊
[…] Puisse notre danse du climat rétablir le lien avec le monde ! […]