C’est très étrange, presque bouleversant, cette capacité que nous avons à oublier le temps qui passe, ou plutôt à vivre simultanément dans plusieurs temps qui se superposent, s’entremêlent, se croisent, faisant de nous des voyageurs.
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C’est alors que s’élevait le chant de l’orgue, que levaient les notes de musique dans le grand champ ensoleillé.
Nous confions ainsi à nos enfants le soin de résoudre l’immense paquet de problèmes que, chaque jour et patiemment, nous faisons grossir et fourgons sous leur tapis. Le contraire d’une attitude responsable.
Notre esprit est ainsi fait qu’étonnament, nous sommes plus attentifs aux choses, plus en éveil, plus présents au monde avec de la musique, avec un fond sonore dessinant un paysage, que dans le silence. Ou, pour dire les choses autrement : peut-être la musique gène-t-elle notre concentration mais elle soutient l’attention, qui n’est pas la même chose et qui, dans bien des cas, est beaucoup plus utile, beaucoup plus efficace que ne l’est la concentration.
L’impatience a aussi une vertu : elle oblige à se lancer, à se lancer dans l’imperfection, à se lancer dans l’incertitude. Elle est l’autre nom de la foi qui nous permet de croire, d’agir, d’aimer, sans être sûrs de ne pas nous tromper – sans être sûrs de rien. Elle est ce qui nous donne le courage de nous engager.
Les coeurs purs sont ces personnes qui pensent, parlent, agissent sans se soucier d’elles-mêmes ni de quoi que ce soit d’extérieur au sujet : ni réalisme, ni bienséance, ni souci du qu’en-dira-t-on, ni peur, ni agenda caché. Elle sentent en elles un devoir impérieux qui balaie tous les doutes et toutes les appréhensions, et elles s’y conforment parce que c’est, à cet instant la seule chose à faire, peut-être la seule qu’elles puissent faire.
Nous ne pouvons pas concevoir qu’une même réalité, un même phénomène, une même substance, un même être, ait simultanément des attributs très nombreux et totalement indépendants les uns des autres.
La différence entre fierté et orgueil ne réside donc pas seulement dans le comportement objectif de la personne qu’on a en face de soi mais aussi dans le rapport très subjectif qu’on entretient avec la compétence justifiant l’estime que cette personne a d’elle-même.
Il faut absolument que les hommes parviennent à préserver autre chose que ce qui leur sert à faire des semelles, ou des machines à coudre, qu’ils laissent de la marge, une réserve, où il leur serait possible de se réfugier de temps en temps.
L’aventure la plus extraordinaire est celle qui, prenant place chaque jour, exige qu’on jette chaque jour sur le monde un oeil neuf, un œil lavé des souvenirs, que la zone de confort n’est pas dans le monde mais dans l’esprit qui le conçoit, qui croit le voir et se laisse aveugler par son conformisme