Il me semble que la seule chose qui croisse vraiment, au bout du compte, c’est l’humanité, je veux dire le nombre de femmes et d’hommes peuplant cette planète. Le reste, et notamment le progrès matériel et technologique, qui est réel et tangible, ne sert en fait qu’à cela : rendre possible la croissance de la population
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Notre extraordinaire capacité à trouver du plaisir partout, à nous enivrer de tout, à nous passionner pour tout, est également porteuse d’inconséquence, de désinvolture, de frivolité, de futilité.
La multiplication des sites, applications, logiciels, outils créés pour faciliter la vie à pour contrepartie immédiate la multiplication des contraintes (mises à jour, mises en cohérence, gestion des identifiants et des mots de passe, réplication) imposées à celles et ceux qui les gèrent et à celles et ceux qui les utilisent, c’est-à-dire tout le monde.
L’existence du désir n’est socialement légitime que dans le regard, la bouche et la pensée de celles et ceux qui sont eux-mêmes désirables. Pour les autres, il devient une obscénité, une chose contre nature : on ne peut être légitimement sujet de désir qu’à condition d’être objet de désir, à tout le moins de pouvoir l’être.
On a tellement de mal à avouer, et même parfois à reconnaître sa faiblesse, son désir, son besoin des autres, sa dépendance. Et on est surtout tellement instruit par la vie, l’expérience et la petite connaissance qu’on acquiert peu à peu de nous-mêmes ; tellement convaincu de la vérité, de la véracité, plutôt, du terrible aphorisme qui dit : « Tu me fuis, je te suis ; tu me suis, je te fuis. »
Je crois que des êtres qui choisissent volontairement de s’affubler d’un tel accessoire ; de cette chose douce, mignonne mais évidemment ridicule, ne peuvent être totalement méchants.
On ne peut pas tous, quand le navire coule, aller à Joshua Tree Park apprendre le yoga. Il faut parfois se défaire des habits de la pure Antigone, revêtir ceux du méchant Créon, et accepter de faire mal pour faire quelque chose.
Est-ce pour cela que ce « humhum », dont nul ne sait d’ailleurs très bien comment il se prononce et s’écrit ; est-ce pour cela que ce « humhum » reste innommé ?
Je ne connais pas toutes les villes mais de celles que je connais, Londres est la quintessence, comme on dit dans La vie rêvée de Walter Mitty. Non pas la plus belle (encore que), non pas la plus grande (même si), pas forcément la plus dépaysante et encore moins la plus agréable mais de loin la plus urbaine, la plus profondément, la plus radicalement, la plus intrinsèquement urbaine.