Parce qu’il n’est ni le sentier, ni la route, le chemin est l’idéal retrouvé du paradis perdu : l’équilibre harmonieux entre les hommes, les femmes et le reste de la nature.
Le sentier est sauvage : la nature y déborde ; la route est totalement artificialisée, recouverte de cette couche de pierres, de gravillons, de goudron qui stérilise le sol ; le chemin est cet heureux accord dans lequel les créatures coopèrent pour pour faire de la voie un jardin tapissé de fleurs.
La route et le sentier tracent et coupent droit. Ils sont comme ces voies romaines qui deux mille ans plus tard se repèrent à la balafre longiligne laissée sur le territoire ; les chemins cheminent, jouant avec les reliefs et les paysages, contournant les obstacles, navigant entre sommets et marais.
On ressent, à suivre les chemins, un espoir de réconciliation, une nostalgie du temps d’avant le dresseur de chevaux : peut-être n’avons-nous pas été perdus, peut-être n’avons-nous pas chuté, peut-être n’avons-nous pas été chassés du Jardin d’Eden. Peut-être cette histoire de cassure irrémédiable entre nous autres, êtres humains, et le reste de la création, peut-elle encore se réparer.
C’est une douce illusion, et qui nous remplit d’aise. Quel bonheur de se sentir chez soi, avec les siens, parmi les brins d’herbe, les pâquerettes et les boutons d’or, et de pouvoir les fouler, sans honte ni colère, sans méchanceté ni peine, parce que nous sommes la même substance, qu’ils ne sont pas des autres mais des autres nous-mêmes, et que nous marchons et allons, piétinant herbes et fleurs, comme piétinent et paissent les ânes, les vaches, les moutons.
“Le plus grand plaisir que procurent les champs et les bois est la secrète relation qu’ils suggèrent entre l’homme et les végétaux. Je ne suis pas seul et inconnu. Ils me font signe, et moi de même. Le balancement des branches dans la tempête est nouveau pour moi et ancien. Cela me prend par surprise et pourtant ne m’est pas inconnu.” écrivait Ralph Waldo Emerson.
Peut-être y a-t-il là, dans ce cheminement, comme une porte étroite.
PS : l’enregistrement viendra plus tard, quand je serai revenu du chemin.
[…] je l’ai écrit dans un autre blog : Lignes, cette étape est très belle notamment parce que le chemin y est un véritable chemin, un chemin […]
[…] les chemins, dont le tracé et l’apparence donnent le sentiment d’une entente harmonieuse entre les […]