C’est très étrange, presque bouleversant, cette capacité que nous avons à oublier le temps qui passe, ou plutôt à vivre simultanément dans plusieurs temps qui se superposent, s’entremêlent, se croisent, faisant de nous des voyageurs.
Catégorie : On est peu de choses
Notre esprit est ainsi fait qu’étonnament, nous sommes plus attentifs aux choses, plus en éveil, plus présents au monde avec de la musique, avec un fond sonore dessinant un paysage, que dans le silence. Ou, pour dire les choses autrement : peut-être la musique gène-t-elle notre concentration mais elle soutient l’attention, qui n’est pas la même chose et qui, dans bien des cas, est beaucoup plus utile, beaucoup plus efficace que ne l’est la concentration.
Le diable et les créatures de Jerome Bosch, les êtres démoniaques qu’on trouve dans toutes les cultures du monde et que tous les enfants cherchent sous leur lit la nuit venue, ne sortent pas de rien mais de là : il y a, au fond de nous, quelque chose de cruel qui palpite.
De tout ce que je fais, que resterait-il si nul autre que moi ne pouvait en être le témoin, si j’étais seul à savoir ?
Il en va certainement de tous les apprentissages comme de celui du jeu théâtral : il faut un long, long et pénible processus pour que, au bout du compte, la spontanéité, la joyeuse et gracieuse spontanéité puisse apparaître.
Dès lors que des hommes, des femmes et des addictions entrent en jeu, la rationalité n’est plus forcément le seul guide de l’action. Et peut-être faut-il tenir compte de cela dans nos réflexions sur la croissance et la consommation – qui sont évidemment, pour une part, des addictions sociales.
Ce n’est pas pour leurs défauts qu’on aime les gens qu’on aime ; mais peut-être est-ce cependant grâce à eux, ou à cause d’eux. Car si ce ne sont pas leurs défauts qu’on aime, ce sont peut-être eux qui les rendent aimables.
L’homme a, par nature, une empreinte écologique bien plus considérable que celle des autres animaux. La science, la technologie, le langage, l’alphabet, l’art lui sont les substituts indispensables de cette fourrure qui, comme le raconte joliment le mythe d’Epiméthée, lui fut refusée au début des temps.
Le même son, exactement le même. Et c’est tantôt la moiteur d’un été en Provence, tantôt l’odeur rassurante d’un pot-au-feu qui se prépare.