Sept milliards et demi d’un côté ; moins d’un million de l’autre. Nos cousins ne pèsent rien : chaque année, l’équivalent de dix fois la population totale des grands singes meurt de faim parmi les humains. Il y en a plein aussi, des enfants mignons aux grands yeux, qui disparaissent dans le malheur du monde. Et d’autres êtres vivants aussi, par milliards.
Étiquette : hommes
Pas plus que la fonction utile des corps n’est de faire le coup de poing, le sein n’est un fardeau. Ou plutôt : le fardeau du corps, qui pèse sur les femmes mais aussi sur les hommes, est aussi cette ancre libératrice qui, obligeant les êtres humains à se poser parfois, leur permet de n’être pas soumis aux seules exigences de l’action.
L’agression russe en Ukraine, la famine un peu partout, la guerre civile au Yemen, la pauvreté, la maladie, les espèces qu’on détruit, les espaces qu’on salit, le grand épuisement du monde, le grand gâchis des choses et des êtres, et là, cerise sur le gâteau comme s’il en était besoin, cette interdiction faite aux femmes comme l’annonce à Marie, d’étudier, de diriger, de voyager, ce grand enfermement des femmes afghanes dans leur burqua, son chez lui, leur ignorance.
La beauté porte en elle les affres, les vicissitudes, les tribulations de l’incarnation. Et parce que les femmes sont, chez les humains, beaucoup plus assignées à leur corps que ne le sont les hommes, elles subissent l’essentiel de cette ambivalence, de cette injonction contradictoire : être belle mais ne pas en faire trop ; rayonner tout en restant discrète.
Les seins de Dalida et les pieds de Montaigne, cela résume assez bien le regard différent que nous jetons sur les femmes et les hommes, l’importance différente que nous attachons à leur corps
Certains considèrent le corps comme une enveloppe extérieure qui recouvrerait un pur esprit en forme d’ange. Ce que je ressens moi-même, c’est au contraire que le corps n’est pas un autre mais que nous sommes notre corps, notre corps sexué, et que quand nous ne trouvons pas en nous-même cette unité fondamentale, notre douleur est profonde.
C’est un étrange paradoxe que de vouloir nous perpétuer dans l’être en commençant par nous abstraire de cette caractéristique fondamentale de l’être : nous sommes incarnés dans des corps d’homme et de femme.
Qu’elle soit nue, revêtue de peau d’âne ou de peau d’homme, c’est toujours Iphigénie qui paie le prix des guerres, et toujours l’innocence qu’on sacrifie.