On ne peut pas toujours fuir, on ne peut pas toujours se fuir ; on ne peut pas toujours mettre sur le dos des autres la blessure qu’on porte en nous et qui demeure dans notre fuite.
Catégorie : Choses de la vie
je me demande si, à force de se laisser aller à cet excès complimentoire, à ce déversement continuel de gratitude, on ne finit pas par ressentir les effets délétères de cette inflation du vocabulaire, et par toucher ces sphères où les mots ont été tellement usés en vain, tellement dévalorisés par leur abus, qu’ils ne signifient plus rien.
Qui a côtoyé un tel sourire sait que les mots qu’on prononce, les idées qu’on défend, les pensées qu’on porte sont en fait beaucoup moins importants que cette lumière, cette énergie, cette bonté qui émane du sourire.
On me demande quelque chose ; je le prends un peu de haut, considérant que c’est une faveur qu’on me demande ; et ce n’est que plus tard que je réalise mon erreur : en s’adressant ainsi à moi, on me demandait moins une faveur qu’on ne m’en faisait une, celle d’être choisi.
Dans ce livre extraordinaire, fascinant de finesse et d’intelligence qu’est Le deuxième sexe, Simone de Beauvoir a cette formule : “Tout homme ressuscite plus ou moins le roi Candaule : il exhibe sa femme parce qu’il croit ainsi étaler ses propres mérites”.
La joie et le bonheur, quand ils sont dans l’élan du devenir, ont le charme de la terre promise. Mais celle-ci une fois atteinte, la tension du désir une fois retombée, le naturel revient, galopant, et c’est notre insondable propension à la bêtise et à la vanité qui reprend le dessus, comme chez ces Bourgeois de Brel qui se croient arrivés.
Il faut, pour trancher le noeud gordien, être soit un jeune Alexandre qui croit qu’il aura une longue vie pour réparer les pots cassés, soit un vieux Louis XV pensant qu’après lui le déluge. Dans l’entre deux de la maturité, on essaie d’être plus responsable.
À côté de l’orgueil des profondeurs, la vanité enfantine et superficielle de ceux qui affichent leurs titres, leurs diplômes, leurs décorations, leurs habits chamarrés, pèse de peu de poids.
Du vélo, dans une grange pourtant emplie de ses affaires, elle n’a pas voulu. Peut-être un jour me dira-t-elle pourquoi. Et peut-être, je l’espère, aura-t-elle un jour, elle qui ne manque pas de courage, celui de lui faire une place.