Je reste ébahi par la profondeur, la diversité, l’étendue de nos goûts, que nous partageons probablement avec beaucoup d’autres animaux, qui nous font aimer et rechercher à la fois des choses très simples, très sobres, très pures ; et d’autres très sophistiquées, très complexes, pleines d’arabesques, de double-fonds et parfois de perversités.
Étiquette : vélo
Même les vélos normaux mis à disposition du public sont des mécaniques lourdes et épaisses à larges moyeux, larges tubes, larges pneus, larges rayons ; des bicyclettes qui, comme la grenouille de la fable, auraient voulu se faire aussi grosses que des mobylettes. La simplicité, la pureté, l’économie de moyens qui sont l’essence du vélo sont ici piétinées, emportées dans la spirale inflationniste qui régit l’industrie automobile, qui ne conçoit le progrès que sous forme d’alourdissement et d’accumulation de matière.
Du vélo, dans une grange pourtant emplie de ses affaires, elle n’a pas voulu. Peut-être un jour me dira-t-elle pourquoi. Et peut-être, je l’espère, aura-t-elle un jour, elle qui ne manque pas de courage, celui de lui faire une place.
C’est à cela que servent les voitures et les locomotives, les machines inventées par les hommes : à nous déplacer quand les petits oiseaux ne chantent plus, que le vent s’est levé, qu’il fait froid et nuit et que, pourtant, il faut avancer.
Quand on perd confiance dans l’humanité (et l’occasion nous en est si souvent donnée !), on peut, pour se rasséréner, regarder les sandales et les vélos. La créature qui a su concevoir cela n’est pas totalement indigne ; elle participe du divin.