Quand vient l’été, vient le désir des choses grecques : désir de lumière, de blancheur, de simplicité ; de netteté, de rigueur, de contraste. Désir de Méditerranée, de Camus, d’oliviers secs et de chemins pierreux. Désir de soif et d’absolu, de violence aussi peut-être : Ulysse, la force, Dune, Œdipe, Antigone, le destin et les dieux.
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je me demande si, à force de se laisser aller à cet excès complimentoire, à ce déversement continuel de gratitude, on ne finit pas par ressentir les effets délétères de cette inflation du vocabulaire, et par toucher ces sphères où les mots ont été tellement usés en vain, tellement dévalorisés par leur abus, qu’ils ne signifient plus rien.
Heureux les riches en esprit
(et en autre chose peut-être),
Qui sont prêts,
Pour sauver le climat,
À sacrifier la biodiversité.
Qui a côtoyé un tel sourire sait que les mots qu’on prononce, les idées qu’on défend, les pensées qu’on porte sont en fait beaucoup moins importants que cette lumière, cette énergie, cette bonté qui émane du sourire.
On appelle ça reconnaissance mais la première est souvent plutôt une découverte ; la deuxième un aveu, fait à soi-même puis aux autres ; et la troisième une expression de gratitude. Mais les trois sont liées et rebouclent l’une sur l’autre.
L’action est forcément simple, voire univoque car dans l’action la simplicité est nécessaire à l’efficacité ; la pensée, quant à elle, tend naturellement à la nuance et à la complexité car c’est son mode d’être. La langue de bois consiste à forcer la pensée, complexe et nuancée, à se couler dans le moule simple de l’action.
Pas plus que la fonction utile des corps n’est de faire le coup de poing, le sein n’est un fardeau. Ou plutôt : le fardeau du corps, qui pèse sur les femmes mais aussi sur les hommes, est aussi cette ancre libératrice qui, obligeant les êtres humains à se poser parfois, leur permet de n’être pas soumis aux seules exigences de l’action.
Il y a dans cette stérilisation progressive de la nature par le bitume visqueux de nos routes, de nos trottoirs, de nos parkings, de nos voies de garage, de toutes ces implantations industrielles et commerciales qui définissent les faubourgs, quelque chose du chien marquant son territoire par son urine, une sorte de terre brûlée.
C’est parce que notre pire crainte est de manquer d’air que le signe le plus indiscutable de la confiance, du calme, du relâchement, est d’accepter de s’en défaire. En soufflant, en vidant ses poumons de cette substance si précieuse, on se dépouille, on se dénude, on se livre à l’avenir.