Je crois que c’est pour son épaisseur, son hétérogénéité, son irréductible désordre, son mélange incessant de petites et grandes choses, de phénomènes célestes et de faits anecdotiques et ridicules ; pour son manque de sérieux et d’esprit de sérieux que la vie vaut d’être vécue.
Auteur/autrice : Aldor
Le privilège du plus fort, le vrai privilège du plus fort, n’est pas de pouvoir imposer sa loi ; il est d’être celui, il est d’être l’unique qui, parce qu’il n’en a pas besoin, peut vraiment proposer la paix.
Quelque part dans les enfers, le Malin se frotte les mains. Car il a, une nouvelle fois, réussi à brouiller les cartes, à salir pour des années la cause qu’on voulait défendre et à rejeter dans le silence les femmes et les hommes de bonne volonté.
Ni les migrants qu’on laisse se noyer en Méditerranée, ni les populations qu’on laisse être exploitées, ni les massacres de lycéens en Ouganda, ni les famines, guerres et exils qui se propagent un peu partout, ni les exactions commises par l’Etat israélien, ni la douleur, immense, des Gazaouites bombardés et assiégés ne sauraient justifier ce qui a été fait. Rien, jamais, ne justifie le Mal.
Ce n’est pas en le réchauffement climatique qu’il faut croire pour s’engager dans le changement ; c’est en notre courage et en celui des autres, en la capacité de tous : individus, groupes, entreprises, États, à faire abstraction de leur intérêt personnel et immédiat pour sauvegarder la possibilité d’un avenir commun.
La science et la vérité se conquièrent de haute lutte même si souvent avec joie ; elles ne s’apprennent pas par cœur ni ne s’imposent au forceps de la loi.
Je me dis parfois, de plus en plus souvent, qu’une promesse faite mais non tenue vaut mieux que l’absence de promesse ; et que celle-ci est plus souvent révélatrice de pusillanimité que de noblesse de coeur.
Entre la sobriété imposée de la pensée collapsologique et celle qui ne pourrait prospérer que sous le contrôle de gourous ou de grands inquisiteurs, poliçant la pensée et les désirs, il faut inventer le chemin vers une frugalité non seulement heureuse mais joyeuse ; une frugalité énergique, positive, individuelle, libre et solaire.
Peut-être notre génie propre, notre capacité à représenter le monde, à le penser, à le rationaliser (et notre propension à l’instrumentaliser qui l’accompagne) découle-t-elle de cette angoisse, de cette panique première face aux choses, de ce renfermement initial de l’esprit sur lui-même pour éviter qu’il ne soit débordé. Et de là les dessins, les mots, les sciences et les arts.