On va, sans le moindre respect, sans la moindre vergogne, asservir un animal sauvage, le parquer avec des milliers d’autres dans des bassins artificiels, lui donner à manger une nourriture infecte, le faire grandir et l’engraisser en le maintenant en captivité, puis à la fin, au bout de quelques mois, le tuer, avec des milliers d’autres, pour le découper en morceaux et l’expédier aux quatre coins du monde.
Catégorie : Politiques
L’action est forcément simple, voire univoque car dans l’action la simplicité est nécessaire à l’efficacité ; la pensée, quant à elle, tend naturellement à la nuance et à la complexité car c’est son mode d’être. La langue de bois consiste à forcer la pensée, complexe et nuancée, à se couler dans le moule simple de l’action.
J’éprouve un lâche soulagement à être placé, pour le second tour, devant un choix très simple et à ne pas devoir, le 24 avril, peser à n’en pas finir le pour et le contre. Et moi aussi j’assume. Parce que l’histoire ne se termine pas là et que le choix quasi-imposé du second tour ouvre en fait grand les portes de l’avenir.
Je n’ai pas besoin qu’une femme soit cachée par ses vêtements pour réfréner mes désirs ; je n’ai pas besoin de maugréer sur la douceur du temps pour agir contre le changement climatique.
Au XVIIè ou XVIIIè siècle, la question de la légitimité politique des femmes, de leur capacité à assumer et exercer des responsabilités politiques, y compris de premier plan, ne se pose tout simplement pas.
D’un point de vue politique, bonheur et joie sont très différents et ont des connotations presque opposées : quoi qu’ait pu en dire Saint-Just, le bonheur est conservateur et la joie révolutionnaire.
Dans sa fixité et sa pérennité, le mot empêche de distinguer la fluidité des choses réelles : nous sommes engoncés dans une explication qui ne parvient plus à s’accrocher au réel parce qu’elle s’accroche aux mots. A vouloir absolument mettre des mots sur les phénomènes, nous ne pouvons plus les penser.
Il y a, dans le glissement de la démarche juridique au jugement éthique quelque chose dont on sent qu’il peut déboucher sur le pire. Et c’est ce glissement qui est au coeur du nudge et du name and shame, méthodes qui ont par ailleurs plein d’avantages.
Aussi convaincus soyons nous de la vertu des processus démocratiques et partagés, nous ressentons parfois des élans rimbaldiens vers la liberté, la sauvagerie, l’action débarrassée de tout ce qui peut l’entraver.
C’est cela que, par euphémisme, nous appelons la volonté politique.
Il y a, dans nos façons de nous comporter à chaque instant, dans notre manière de parler, de nous tenir, de marcher, de consommer, de respecter, d’accueillir, un engagement qui, sans doute plus qu’un bulletin de vote, change notre vie et celle de ceux qui nous entourent. C’est cela aussi que cette vie confinée nous a appris.